Dans cette parcelle près de Nangis, en Seine-et-Marne, le 9 octobre, comme dans toutes celles d’Île-de-France, le constat est sans appel : le rendement des betteraves est 45 à 50 % inférieur à la moyenne des cinq dernières années. Les premiers arrachages s’établissent entre 10 et 35 t/ha contre 80 à 100 t/ha habituellement.

Les conséquences de la jaunisse pour les 1 800 planteurs franciliens pourraient dépasser 1 000 €/ha de perte. De quoi être tenté de baisser fortement les surfaces betteravières dès l’an prochain, voire d’arrêter la production.

Cette situation inédite menace aussi les outils industriels. Les deux sucreries d’Île-de-France, situées en Seine-et-Marne, sont les seules usines familiales privées de France : Ouvré Fils, à Souppes-sur-Loing, et Lesaffre Frères, à Nangis. « Cette crise pourrait engendrer une perte de 10 à 15 millions d’euros en 2020-2021 pour notre sucrerie », compte Cyril Lesaffre.

Trois requêtes

« Environ 300 000 tonnes de betteraves seront traitées contre 750 000 habituellement. La campagne va passer de 100 à 50 jours. Et si demain les surfaces chutent, les problèmes d’approvisionnement de notre usine pourraient entraîner sa fermeture », alerte-t-il.

Pour Cyrille Milard, président de la FDSEA 77, le projet de loi permettant de déroger jusqu’en juillet 2023 à l’interdiction des néonicotinoïdes sur betteraves donnera la possibilité « de replanter l’an prochain mais il ne suffit pas ». Ce texte sera examiné « le 21 octobre en commission des affaires économiques du Sénat et le 27 en séance plénière », a précisé Sophie Primas, sénatrice des Yvelines, présidente LR de la commission des affaires économiques et rapporteure du texte, venue se rendre compte de la crise. Des négociations avec le ministère de l’Agriculture pour débloquer des indemnisations pour les planteurs ont commencé. Les sucreries aussi attendent un geste de l’État.

Et pour cultiver des betteraves après 2023, la recherche contre la jaunisse est sollicitée. Mais si la solution passe par la génétique, les trois ans suffiront-ils ?F. Mélix