«Il y a 1,5 million de foyers en Normandie. Il suffirait qu’ils achètent tous une bouteille de cidre par semaine pour sauver la filière et les pommiers qui vont avec ! », martelait Thomas Pelletier, producteur-transformateur et président de la FNPFC (1), le 14 mai à Crouttes, dans l’Orne. Il s’exprimait au domaine de la Galotière, où était organisée une « réunion de crise » chez Nathalie et Jean-Luc Olivier, cidriculteurs.

Fermeture des cafés, hôtels et restaurants, réduction à zéro de l’activité touristique, et baisse de la consommation de 25 à 30 % en grandes et moyennes surfaces... Le cidre, boisson de convivialité, fait partie de ces filières agricoles sinistrées par les mesures de confinement et de distanciation. Ses ventes ont décliné de 50 % depuis la mi-mars, avance le président de la FNPFC. « Nous n’avons réalisé que 50 % de notre chiffre d’affaires en mars et 35 % en avril, déplore Jean-Luc Olivier. Au 14 mai, nous avons encaissé 10 % des recettes attendues pour le mois en temps habituel. »

Le pire est à venir

Ces dernières semaines, la filière a accumulé des stocks. Dès l’automne, il faudra faire de la place, notamment dans les cuves. « Le pire scénario serait de brader les produits ou de constituer des stocks qui vont peser durablement sur l’économie des entreprises, souligne Thomas Pelletier. On laisserait les entreprises mourir à petit feu et une partie importante du verger serait promise à l’arrachage. La Normandie, qui concentre 54 % de la production de cidre (devant la Bretagne avec 18 %), serait naturellement l’épicentre de cette crise. Cette restructuration forcée serait d’autant plus mal venue que le secteur était parvenu depuis 2019 à recréer une dynamique de hausse des volumes.

Alexis Dufumier

(1) Fédération nationale des producteurs de fruits à cidre.