«Pour nous, la crise porcine aura duré vingt ans », a témoigné Jacky Savin, agriculteur avec un associé à Parthenay-de-Bretagne, en Ille-et-Vilaine, lors de l’assemblée générale de l’association Solidarité paysans Bretagne, le 20 mars à L’Hermitage. Installés en 1991 en porc et lait, les associés ont vu les difficultés arriver en 1999, « avec un cours du porc descendu à 5 F/kg ». De découverts en prêts de consolidation de trésorerie, les ouvertures de crédit ne cesseront jamais. « Le lait nous a tirés d’affaire », a reconnu l’éleveur.

« Rester maître chez soi »

En 2000, il découvre Adage 35, une association qui encourage l’autonomie des exploitations par le développement des systèmes plus herbagers. Elle s’appuie sur les échanges entre agriculteurs. Au fil du temps, Jacky Savin a fait évoluer son système maïs vers plus d’herbe et de mélanges céréaliers. Ce changement de pratiques lui a permis de sortir la tête de l’eau. En 2009, il s’est converti à la bio en lait. En porc, le naissage a été arrêté en 2014, tandis que l’engraissement a renfloué les dettes.

Les producteurs laitiers sont particulièrement touchés par la crise. En 2017, 40 % des exploitations accompagnées par Solidarité paysans Bretagne étaient en lait. « De plus en plus souvent, nous rencontrons des gens épuisés. Ils se protègent en étant dans le déni, mais ils sont incapables de prendre les bonnes résolutions », a expliqué Gérard Fiquet, président de l’association. L’important est de retrouver une autonomie de décision. » Des valeurs portées par l’Adage 35. C’est donc naturellement que les deux associations se sont rencontrées, avec l’objectif d’un partenariat plus actif, notamment par des actions de formation des accompagnants.

« Pour rester maître chez soi, il est important de s’ouvrir aux autres, de se former en permanence et d’échanger avec ses pairs, a confirmé Samuel Dugas, président d’Adage 35. Nous souhaitons répondre aux besoins d’accompagnement individuel, en nous appuyant sur l’expérience de Solidarité paysans. »

Rechercher plus d’autonomie, réfléchir à la taille de son élevage, à la création de valeur ajoutée sur sa ferme, réaliser un diagnostic… des solutions existent pour sortir des difficultés.

(1) Agriculture durable pour l’autonomie, la gestion et l’environnement.