En 2007, Jean-Christophe Bady, céréalier à Ansan (Gers), a passé la moitié de sa sole en bio. Mais le travail intensif du terrain argilo-calcaire s’est avéré catastrophique. « Au bout de trois ans, je n’avais plus de production, raconte-t-il. J’ai alors pensé faire venir des animaux pour amender mes champs naturellement. Comme je ne suis pas éleveur, j’ai cherché un partenaire. » C’est ainsi que François Sanchis, berger dans les Pyrénées, vient faire brouter ses brebis tarasconnaises à leur descente d’estive.
Pour que ses champs ne soient pas vides à leur arrivée, le cultivateur sème des céréales fin août-début septembre, associées à du trèfle. « Lorsque les brebis arrivent fin octobre, elles pâturent dans les champs, poursuit-il. Le blé fait environ 20 cm. L’automne dernier, il avait jauni car il manquait d’eau. Trois passages des bêtes jusqu’au stade épis 1 cm, avec l’apport de leurs crottins comme matière organique chargée de l’azote du trèfle, ont fait repartir le blé de plus belle. Ce déprimage a entraîné une augmentation du tallage et un renforcement du système racinaire. En outre, les petits sabots pointus des ovins aèrent le sol et ne le tassent pas, ce qui permet à l’eau de pluie de s’infiltrer. Mon blé est bien plus beau qu’avant. »
Plein air intégral
Tristan Delporte, futur berger « sans terre » qui achètera bientôt 70 brebis pour les monter au Pic du Gar l’été prochain, redescendra à l’automne chez Pierre Pujos, qui cultive plus d’une dizaine d’espèces bio sur 170 ha à Saint-Puy (Gers). « Je travaille sans intrant en autofertilité depuis 2004 grâce aux couverts végétaux et aux légumineuses, témoigne ce dernier, mais l’apport en azote n’est pas toujours suffisant. Faire pacager des brebis sur les couverts permettra d’augmenter la fertilité du sol. » Les bêtes vivront en plein air intégral et le berger bénéficiera d’une alimentation presque gratuite pour son troupeau.