Traire, gérer l’administratif, tenir le magasin de vente à la ferme… C’est la charge de travail de Céline Gauliard, installée en Gaec avec son mari Vincent, sur 140 ha et 50 laitières en agriculture biologique à Oiselay-et-Grachaux, en Haute-Saône. La maman de deux enfants de huit et deux ans avoue ses difficultés pour tout faire : « Nous employons un salarié à mi-temps pour traire le matin en semaine, car c’était devenu impossible pour moi avec un très jeune enfant. Les agricultrices gèrent énormément de tâches entre la ferme et la famille. Et nous ne sommes pas forcément comprises dans cette problématique quotidienne. »

Travail non reconnu

Les sept autres membres de la commission des agricultrices de la Haute-Saône acquiescent. Si elles sont réunies chez Céline ce 6 mars, à l’avant-veille de la Journée internationale des droits des femmes, « c’est pour faire voir que l’on existe, parce qu’il faut revaloriser la place des femmes dans l’agriculture. Lever les difficultés à l’installation et à la retraite », défend Anne Robin, leur présidente. Prendre un congé de maternité peut, par exemple, être compliqué. « Certes, c’est un droit. Mais dans mon cas, nous avons dû assumer un coût de 12 € par jour pour le remplacement », témoigne Céline. La possibilité de constituer un Gaec entre époux depuis 2010, puis les nouvelles règles de la transparence de 2015 permettent une meilleure reconnaissance du statut d’agricultrice. Toutefois, les retraites à l’issue de carrières en partie sans statut « sont plus que misérables, malgré un travail pénible ! », pointe Anne Robin.

Dans les faits, les membres du groupe constatent la persistance d’un manque de considération du travail accompli par les femmes. Il est pourtant essentiel, car il inclut des tâches clés, notamment la traite et la comptabilité-gestion. « Dans la profession, il faudrait que les hommes soient plus conscients de ce que l’on fait, estime Katia Nolot, agricultrice à Aroz. Et vis-à-vis de l’extérieur, ce n’est pas parce qu’on est chez nous qu’on ne travaille pas ! » Mieux communiquer sur le fait qu’agricultrice est un métier à part entière, et sur son contenu, s’avère nécessaire. Ce à quoi la commission s’emploie : l’après-midi du 6 mars, plusieurs agricultrices se sont initiées à l’accueil de scolaires chez Céline.