Quand la forme est fautive le lecteur suspecte le fond a-t-on coutume de dire dans le milieu de la presse. Cette maxime pourrait s’appliquer aux dysfonctionnements des aides Pac nées de la dernière réforme.
Ils entachent la lecture du contenu de cette réforme et montrent que l’intendance ne suit pas. Ainsi, à la veille d’ouvrir leur dossier sur Télépac, les agriculteurs voudraient être sûrs que le solde des aides découplées qui leur sont dues aura bien été versé. Une question de confiance et de contrat avec les politiques publiques et, pour nombre d’entre eux, une question cruciale de trésorerie.
Difficile, en effet, de percevoir les bénéfices de cette Pac et, de manière plus globale, de la construction européenne lorsque de tels griefs prennent le dessus au quotidien.
Les autorités des États membres ne s’y sont pas trompées, préférant célébrer sans flonflon et dans une relative indifférence les 60 ans du traité de Rome.
Quant au Brexit d’outre-Manche, il ne doit pas faire oublier les acquis d’une des rares politiques intégrées (la politique agricole) dont les agriculteurs anglais vont devoir apprendre à se passer, non sans mal.
Reste à solder les comptes avant d’espérer aller plus loin à 27. La FNSEA, en congrès cette semaine à Brest, a clairement choisi le camp d’un besoin d’Europe renforcé. De manière lucide et pragmatique, les syndicats minoritaires ne prônent pas plus une renationalisation. Quant aux candidats à l’élection présidentielle et à leurs conseillers aux affaires agricoles (lire p. 20), ils s’inscrivent dans un gradient qui va de l’europhobie à l’europhilie assumée.
En cette période électorale de « no man’s land », où les administrations européennes comme nationales semblent livrées à elles-mêmes, le besoin de reconnecter les décisions politiques aux mesures d’application est criant. En France, le gouvernement sortant serait bien inspiré de ne pas laisser la « patate chaude » du solde des aides au futur pouvoir.