L’heure est au bilan. Un an après l’incendie de Lubrizol, la situation semble être revenue à la normale dans les élevages laitiers de Seine-Maritime, de la Somme, de l’Oise, de l’Aisne et du Nord. « Des analyses poussées sur la qualité du lait se poursuivent, dans le cadre du plan de surveillance des pouvoirs publics et du plan de contrôle renforcé de l’interprofession, explique Thierry Roquefeuil, président du Cniel, contacté par La France Agricole le 24 septembre 2020. Aucune anomalie n’est à signaler pour le moment. Cela continuera le temps qu’il faudra, afin d’assurer aux consommateurs des produits d’une qualité irréprochable. »
700 000 litres de lait détruits par jour
Entre le 26 septembre 2019, jour de l’incendie du site Seveso, et la reprise de la collecte, le 16 octobre 2019, 700 000 litres de lait ont dû être jetés quotidiennement par mesure de précaution. « Le lait détruit a été indemnisé à hauteur du prix réel normalement versé par les laiteries sur cette période. Les 3,5 millions d’euros avancés par le Cniel ont été remboursés par Lubrizol il y a un mois », indique le président. Du côté des transformateurs, également contraints de se défaire d’une partie de leurs stocks, « les modalités d’indemnisation sont en cours de traitement avec Lubrizol. »
Des procédures à améliorer
Le plan de soutien proposé par le Cniel a reçu l’aval des autorités françaises et européennes le 3 octobre 2019, avec effet rétroactif au 26 septembre. « L’aide est arrivée rapidement, mais uniquement parce que l’interprofession a présenté la solution sur un plateau d’argent, pique Thierry Roquefeuil. Si la destruction du lait avait duré plus longtemps, il nous aurait été difficile d’indemniser la totalité du préjudice. Et attendre les versements de Lubrizol ou des assurances n’était pas envisageable, les producteurs n’ont pas tous un ou plusieurs mois de trésorerie en stock. »
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Autre défaillance pointée du doigt, le zonage des communes à risque. « Certaines communes ont été ajoutées à la zone rouge plusieurs jours après l’incendie, et le lait collecté entre temps a potentiellement contaminé des cuves entières, note Thierry Roquefeuil. Il aurait été préférable d’avoir un zonage plus large dès le début, quitte à le resserrer ensuite, plutôt que l’inverse. »
Enfin, le président du Cniel insiste sur la responsabilité des sites industriels classés Seveso et la nécessité de travailler sur la prévention des risques associés. « Il est demandé aux producteurs laitiers de produire l’alimentation sur la ferme et de mettre les vaches au pâturage. Ces pratiques sont totalement dépendantes de l’environnement de l’élevage, ce qui fait que nous subissons de plein fouet les effets collatéraux de ce type d’aléa. »