D’un côté, Clotilde, jeune agricultrice pragmatique, et de l’autre son cousin, Nicolas, passionné par les nouveaux outils connectés. Les deux trentenaires cultivent 440 ha de grandes cultures : blé, colza, orges d’hiver et de printemps, plants de pommes de terre, betteraves, chanvre et quinoa. Ils accueillent depuis deux ans sur leur ferme de Boutigny-sur-Essonne les différents essais visant à tester en conditions réelles les sondes, capteurs et autres boîtiers, souvent onéreux et encore peu répandus de l’AgTech (technologies high-tech agricoles).

Des expériences de terrain

« Nous cherchions une ferme située à proximité de la Digiferme de Boigneville (Arvalis). Il fallait qu’elle soit équipée pour de la modulation intra-parcellaire (GPS avec coupures de tronçon) et que la moissonneuse-batteuse dispose de capteurs de rendements », explique Camille Orus, chargée de mission à la chambre d’agriculture, en charge du suivi de la ferme pilote.

Une quinzaine d’outils ont été mis en place sur le Gaec Hottin à des endroits stratégiques, pour une petite dizaine d’expérimentations par campagne : cinq stations météo, deux sondes d’irrigation Weenat et Sentek, des capteurs Orcatrack sur les rampes d’irrigation, des sondes de température pour le stockage des grains, des puces de traçabilité sur les palox de pommes de terre (Saalto), ou encore des boîtiers connectés à la sortie du local phyto pourront être testés et les résultats mis à disposition des agriculteurs franciliens.

Sur la ferme pilote, la région finance 70 % du matériel. Le reste est à la charge soit de la chambre d’agriculture, soit de Clotilde et Nicolas lorsque le matériel les intéresse, comme c’est le cas pour le capteur Orcatrack, commercialisé par la société Utronix.

Bénéficier d’outils utiles

Les deux associés bénéficient ainsi d’outils utiles à un coût réduit. « L’objectif est de tester en conditions réelles, à l’échelle d’une parcelle et pas d’une micro-parcelle. Il ne s’agit plus de recherche et développement mais de conditions d’application à la taille d’une ferme », s’enthousiasme Nicolas.

« Au départ, je craignais que cela prenne beaucoup de temps, ce qui est le cas, mais il est utilisé à bon escient pour tester des outils intéressants pour les agriculteurs », avoue Clotilde, à quelques jours du premier événement « ferme pilote innovation » censé présenter les premiers résultats des études. Le 19 juin dernier, pas moins de 400 agriculteurs et partenaires étaient attendus au milieu de leurs parcelles. Restera alors à convaincre les agriculteurs, pas toujours emballés à l’idée de tout connecter.

Texte et photos Pauline Bourdois