Installé à Cadarcet, dans l’Ariège, Patrice Amardeilh élève 40 montbéliardes et 35 limousines sur 119 ha. En 2018, il a décidé d’investir dans un bâtiment de 720 m2 couvert de panneaux photovoltaïques, abritant un séchage en grange de même qu’une stabulation. « Avec le maïs en monoculture, j’étais dans une impasse. Les rendements chutaient, je devais acheter des fourrages. C’était le moment de changer de système et d’investir, d’autant que j’avais besoin de recréer des amortissements afin d’éviter de voir grimper les charges sociales ainsi que les impôts », explique l’éleveur.

Autonomie alimentaire

Dès 2016, il a remplacé le maïs par des prairies multi-espèces. « Pour les foins, je me suis équipé en grande largeur afin de gagner du temps et d’intervenir plus facilement au bon moment », note-t-il. En 2019, une fois le bâtiment construit, il y a installé les allaitantes et a commencé à utiliser le séchage en grange. Après la suppression du maïs, la production de lait a d’abord chuté de 7 000 à 5 500 l par vache. Mais avec ce système tout en herbe économe en intrants, les frais ont aussi diminué. « Ces prairies multi-espèces produisent 8 t/ha. La tonne de matière sèche revient à 63 € contre 100 € avec le maïs, qui était pénalisé par un rendement en baisse », relève Patrick Béral, de la chambre d’agriculture de l’Ariège. Les quantités de concentré distribuées ont baissé et le tourteau de soja a été remplacé par un aliment pour les vaches laitières dont les prix fluctuent moins. « J’ai gagné en autonomie et réduis mes achats d’un tiers », apprécie l’agriculteur.

Avec huit mois de pâturage par an, le bien-être animal s’est amélioré. « Je n’appelle plus le vétérinaire ! Cela fait vingt-sept mois que je n’ai pas vu de mammites », relève l’exploitant. Aujourd’hui, avec une meilleure qualité de fourrages et une ration bien ajustée, la production de lait remonte. Depuis janvier 2021, la moyenne atteint 6 600 l par vache.

Continuer d’optimiser

Rassuré, Patrice Amardeilh prévoit une deuxième tranche de travaux en 2022 pour agrandir le bâtiment. Il pourra alors sécher tout le foin et loger les laitières. « Il me faudra déplacer la salle de traite. Mais cela me permettra de profiter pleinement de la simplification de mon système. Je distribuerai le foin à tous les animaux sans avoir à démarrer un tracteur, ce qui va réduire encore les coûts. »

À 49 ans, l’éleveur commence à envisager la transmission de sa ferme. « Mes deux enfants feront leurs choix. Cependant, je prépare l’avenir en adaptant ma façon de travailler aux attentes de la société », affirme-t-il. Avec la suppression de l’ensilage, il obtient un lait cru d’une qualité plus régulière. Bien adapté à la transformation, celui-ci est valorisé par la fromagerie de la Core Cazalas, à Bethmale. En 2020 son prix moyen a atteint 419 €/1 000 l et l’EBE (1) est remonté à 70 000 €, de quoi se projeter dans l’avenir. F. Ehrhard

(1) Excédent brut d’exploitation.