«Nos vaches consomment des betteraves toute l’année, déclare Christian Vandenbroecke, à la tête de 180 laitières avec son fils Quentin et sa belle-fille Amandine, à La Flamengrie, dans l’Aisne (1). Nous les incorporons entières lors de la réalisation du silo de maïs. » Tout est réglé pour qu’un tas de racines nettoyées soit prêt pour le jour de l’ensilage. La récolte est méticuleuse, pour éliminer le maximum de terre.

Absence de butyriques

Le matériel, acheté d’occasion, se compose d’une effeuilleuse attelée à l’avant du tracteur, d’une arracheuse-aligneuse à l’arrière et d’une chargeuse tirée par un autre tracteur. L’effeuilleuse est équipée d’un tapis qui récupère les feuilles dans une benne. Elles seront ensilées dans un silo à part. « Nous visons une fenêtre de beau temps quelques jours avant la date du chantier d’ensilage de maïs », explique Quentin. Le but est d’obtenir des racines propres. L’arrachage a lieu deux à trois heures avant le chargement, de sorte que la terre sèche tombe lorsque les racines montent sur le tapis. Les betteraves sont ensuite stockées en tas près des silos.

Le jour de la récolte du maïs, les betteraves sont incorporées dans le fourrage, à raison de deux à trois godets (soit environ 2 t) par benne (de 28 à 30 m3) de maïs épandu sur le silo. « La racine garde tout son jus et donc toutes ses qualités nutritionnelles, poursuit Quentin. Les analyses du fourrage stocké ne révèlent par ailleurs aucune trace d’acide butyrique depuis quatre ans que la technique a été mise en place sur l’exploitation. » Attention toutefois, si les betteraves sont mal nettoyées, tous les experts s’accordent pour souligner qu’elles présentent un risque important de butyriques.

La famille Vandenbroecke distribue cet ensilage mixte tous les jours. À partir du mois de septembre, les vaches reçoivent aussi des betteraves fraîches. La ration comprend alors 30 kg bruts d’ensilage de maïs-betteraves, 13 kg de pulpes surpressées, 19 kg d’ensilage d’herbe (18 % de MAT), 5 kg bruts de betteraves fraîches, 2,7 kg de tourteau de soja, 2 kg de tourteau de colza, 250 g de CMV, sel et bicarbonate. Le seuil de 25 kg bruts (4 à 5 kg de MS) de betteraves, qui augmente le risque d’acidose, est loin d’être atteint avec cette ration.

11 €/1 000 l en plus

« À partir de la date d’incorporation des betteraves fraîches, les taux butyreux et protéiques du lait remontent immédiatement », assure Quentin. Ce rebond s’ajoute au gain de 2 points de matière grasse et 1 point de matière protéique lié à la betterave dans l’ensilage. L’éleveur estime à 11 €/1 000 l de lait produit l’effet « betterave confite ». Sur un mois de livraison (environ 115 000 l), le gain s’élève à 1 265 €.

« La contrainte de l’incorporation des racines dans le silo d’ensilage, c’est le besoin en main-d’œuvre important », souligne Gaëtan Leborgne, conseiller à la chambre d’agriculture de l’Aisne. Plus important encore que la valorisation en frais déjà exigeante. « Avant de semer, il est nécessaire de bien considérer chaque étape de la conduite, tant en besoin en personnel qu’en équipement », poursuit Gaëtan Leborgne. Christian et Quentin ont dû réaliser trois désherbages cette année, par exemple. L’enjeu c’est la production d’un fourrage doté d’une composition digne d’un concentré : 1,16 UFL/kg de MS récolté, soit 15 000 à 18 000 UFL/ha.

M.-F. Malterre

(1) La chambre d’agriculture organisait, le 21 septembre, sur l’exploitation de la famille Vandenbroecke une journée technique sur le thème de la betterave fourragère.