Les intrusions des abolitionnistes chez des éleveurs heurtent tous les syndicats. À l’image de Nicolas Girod, porte-parole de la Confédération paysanne : « Sous couvert d’une lutte contre le système intensif, ils portent atteinte à l’intégrité d’une famille. La désobéissance civile s’attaque à un système, et non aux personnes. Il n’y a aucun dialogue possible. Leur but est la fin de tout élevage. »

Étienne Gangneron, vice-président de la FNSEA, explique que, désormais, son syndicat se porte partie civile lors des intrusions d’activistes (voir encadré page 54). « Nous faisons également fermer les sites qui “balancent” les adresses d’éleveurs. Mais ils se recomposent très vite. Ces gens n’ont aucune pudeur, aucune retenue quand ils comparent camps de concentration et élevage », dit-il.

Bernard Lannes, président de la Coordination rurale, s’emporte face à cette « ultra-minorité qui pénètre dans les élevages sans respect des règles de bien-être et de biosécurité ». Cela finira mal, prédit-il, en demandant aux pouvoirs publics d’agir.

Le devenir de l’intensif

Autre inquiétude commune : la menace que ces actions font peser sur les abattoirs de proximité, plus accessibles que les grosses structures.

Sur le devenir de l’élevage intensif, les positions diffèrent, même si tous acceptent le dialogue avec les associations welfaristes. « On ne peut pas nous donner plus de contraintes vu les prix pratiqués, estime Bernard Lannes. Pour les œufs, d’accord pour abandonner les cages, si elles ne se retrouvent pas en Pologne. Et qu’ils ne reviennent pas sous forme d’ovoproduits dans nos pâtisseries. »

Étienne Gangneron est ouvert à une discussion dans le cadre des plans de filière : « Nous avons mal vécu la signature par deux associations welfaristes de la pétition de L214 contre l’élevage intensif. Nous ne voulons pas parler du bien-être animal sous les invectives des plus virulents. »

La contestation du modèle intensif fait partie de l’ADN de la Confédération paysanne : « Nous regrettons la perte du lien au sol, à l’animal, qui est notre partenaire. Il doit pouvoir exprimer son caractère. Nous travaillons sur le nombre d’éleveurs, la taille des outils. Nous participons à l’expérimentation sur l’abattage de proximité », conclut Nicolas Girod.

À l’heure du Ceta, le vice-président de la FNSEA s’interroge sur le décalage avec les demandes relatives au bien-être animal.

Quant à Bernard Lannes, il réclame l’activation de l’article 44 de la loi EGA, qui permet à la France d’interdire les importations de denrées alimentaires ne correspondant pas aux normes européennes.

M.-G. M.