À 6,56 €/kg de carcasse, le prix moyen pondéré de l’agneau a atteint les sommets lors de la semaine du 1er au 7 juin 2020. « C’est une cotation que l’on n’a pas connue depuis vingt ans, précisait Cassandre Matras, de l’Institut de l’élevage, le 11 juin 2020 lors d’un webinaire.
Au moment de Pâques, la cotation s’est effondrée, alors que le confinement venait de se mettre en place. Depuis, le cours n’a pas cessé de se redresser, contrairement à ce qui est observé habituellement. « On aurait pu s’attendre à une baisse à la fin du Ramadan, précise Cassandre Matras, mais avec le déconfinement, et l’ouverture des restaurants, la demande a continué de tirer les prix. »
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Les prix bas ont davantage impacté les comptes
Pour Michèle Boudoin, présidente de la Fédération nationale ovine (FNO), la situation inédite et les cours en hausse aujourd’hui ne rattrapent pas la baisse d’avant Pâques. « Il manquait 1 €/kg au moment où nous avions le plus d’agneaux à vendre, insiste-t-elle. Les prix, soutenus par une offre limitée, pourraient rester sur le même niveau jusqu’à la fin de juillet où sera fêté l’Aïd el-Kébir. »
La production ovine française est en baisse depuis le début de l’année, mais un ralentissement de cette tendance est constaté en avril (–1 %, contre –7 % et –4 % respectivement en février et en mars).
Les importations françaises de viande ovine sont également en retrait depuis le début de l’année. Le repli s’est accentué en mars et en avril avec respectivement –18 % et –29 %. La filière s’est accordé pour mettre en avant la production française. Les envois depuis le Royaume-Uni ont dégringolé de 40 %. Les expéditions irlandaises sont celles qui ont le plus « résisté » puisqu’elles ont baissé de 5 %.
Baisse des exportations britanniques
Chez nos voisins européens, le Royaume-Uni a du mal à produire en raison d’un cheptel très affecté en 2019 en raison du Brexit. Sur trois mois en 2020, les exportations de ce pays ont chuté de 15 % par rapport à 2019. La production du pays est néanmoins, à la différence de celle de la France, davantage concentrée sur le deuxième semestre.
En Irlande aussi, la production est plus massive en fin d’année. Le pays dispose d’une offre en hausse et tire son avantage de la forte baisse des envois britanniques. Les exportations irlandaises ont augmenté de 6 % au premier trimestre de 2020 par rapport à 2019.
L’Espagne a aussi beaucoup souffert de la crise du Covid-19 à cause de la fermeture de la restauration hors domicile qui constitue le principal débouché du pays. Les prix ont fortement chuté après Pâques, mais ils ont amorcé une hausse depuis le début du déconfinement.
Du côté de l’hémisphère Sud, les prix remontent en mai. En Australie, la sécheresse a occasionné un fort recul de l’offre, ce qui a tendance à tirer les prix. En Nouvelle-Zélande, la décapitalisation du cheptel se poursuit. Entre décembre 2019 et mars 2020, la cotation s’est effondrée en raison de la sécheresse, mais aussi à cause des difficultés d’exporter vers la Chine. La Nouvelle-Zélande est en effet devenue ces dernières années très dépendante de la Chine qui « absorbe » 50 % de ses envois.