Faisant suite à plusieurs avis scientifiques favorables, la Commission européenne envisage la réintroduction des protéines animales transformées dans l’alimentation des porcs et des volailles. Pour Bruxelles, cette proposition s’inscrit dans la logique de la stratégie « de la ferme à la fourchette » visant à réduire la dépendance de l’Europe aux protéines végétales importées des pays tiers.

 

Dans le cadre spécifique de l’utilisation de protéines animales transformées d’origine porcine dans l’alimentation des volailles et des protéines d’origine avicole dans l’alimentation des porcins, « il conviendra d’appliquer des exigences strictes lors de la collecte, du transport et de la transformation de ces produits, souligne la Commission. Devront également être appliqués régulièrement des échantillonnages et des analyses, afin d’éviter tout risque. »

 

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Un contexte épidémiologique plus favorable

Depuis l’interdiction des protéines animales transformées dans l’alimentation des animaux d’élevage en 2001 — mesure prise à la suite de la crise de la vache folle — « la situation épidémiologique vis-à-vis de l’encéphalopathie spongiforme bovine (ESB) s’est considérablement améliorée dans l’Union européenne (UE) », rapporte la Commission dans sa proposition lancée le 9 mars 2021. « Aucun cas classique d’ESB n’a été répertorié depuis 2016 et 24 États membres présentent un statut de risque d’ESB négligeable », précise Bruxelles.

La France souhaite repousser le vote

En 2018, les autorités ont adopté un avis scientifique sur la révision de l’évaluation quantitative des risques posés par les protéines animales transformées vis-à-vis de l’ESB. « Les résultats ont estimé une infectivité liée à l’ESB quatre fois inférieure à celle de 2011, avec moins d’un nouveau cas d’ESB attendu chaque année », indique le rapport.

 

Une étude complémentaire, menée en septembre 2020, a conclu que le risque potentiel d’ESB dans la population bovine en lien avec l’utilisation de collagène et de gélatine de ruminants dans l’alimentation des animaux d’élevage non-ruminants était faible.

 

« Pour fonder son opinion, la France attend les avis de l’Anses qui ne sont pas encore publiés. Pour éviter de s’abstenir, elle souhaite demander à repousser le vote de quelques mois », indique Culture Viande, le syndicat français du secteur de l’abattage-découpe, dans une lettre d’actualité diffusée le 12 mars 2021.