.

 

 

À lire aussi : Une gestion du risque renforcée (18/09/2019)

Présent à nos portes

Le scarabée ou hanneton japonais (Popillia japonica) s’est propagé et établi en dehors de son aire d’origine, le Japon, d’abord aux États-Unis puis en Europe. Il a été repéré pour la première fois en Italie en 2014 et en Suisse en 2017.

 

« Pour l’instant il n’a pas encore été détecté en France, mais il n’y a aucune raison qu’il n’entre pas sur le territoire », explique Christine Tayeh, coordinatrice scientifique au sein de l’unité Expertise sur les risques biologiques du laboratoire de la santé des végétaux de l’Anses, qui a piloté cette expertise.

 

« Rien ne s’oppose non plus à son établissement en France, poursuit-elle. C’est un insecte qui se déplace facilement, les conditions de température et de précipitation lui sont favorables et comme il peut consommer de nombreuses espèces de plantes présentes sur le territoire français il n’aura pas de difficulté à trouver des sources de nourriture. »

Surveillance nécessaire

L’Anses vient donc de réaliser une expertise pour évaluer la probabilité d’introduction de l’insecte ainsi que ses impacts. Elle dresse la liste des mesures de gestion en termes de surveillance puis de lutte qui peuvent être mises en œuvre.

 

Il est impossible d’empêcher l’entrée du scarabée en France : il peut à la fois voler au stade adulte (de fin mai à septembre) et avoir un comportement auto-stoppeur, c’est-à-dire qu’il peut être transporté sur n’importe quel support, pas uniquement sur les plantes dont il se nourrit.

 

La stratégie consiste donc à détecter sa présence de façon précoce, notamment à l’aide de pièges équipés de leurres mixtes (combinaison de phéromones sexuelles et d’attractifs floraux). Ils devront être disposés dans des endroits stratégiques, comme le long de la frontière française avec les pays où l’insecte est présent et à proximité des points d’entrée clés, tels que les ports ou les aéroports, ainsi que des réseaux de transport. Une sensibilisation des principaux acteurs, notamment les professionnels des différentes filières concernées, est aussi recommandée.

 

Empêcher son établissement par des moyens de lutte adaptés

L’Anses estime ainsi qu’il est essentiel d’agir dès l’arrivée de l’insecte sur le territoire. Cette stratégie a été appliquée avec succès dans l’Oregon et en Californie.

Nous pensons qu’il y a une chance d’éradiquer le scarabée japonais dès le début de l’invasion, à condition de déployer des moyens de surveillance dynamiques puis de lutte tant que la population est encore faible et isolée.

Christine Tayeh, coordinatrice scientifique au sein de l’unité Expertise sur les risques biologiques du laboratoire de la sante des végétaux de l’Anses.

Délimiter une zone infestée dès la détection d’individus

En cas de détection d’un individu, le groupe de travail en charge de l’expertise recommande de délimiter une zone infestée. Celle-ci devra faire l’objet d’une surveillance renforcée et de l’utilisation combinée de plusieurs moyens de lutte, adaptés selon les disponibilités et les autorisations d’utilisation. Cela inclut :

  • Le piégeage de masse ;
  • L’utilisation de produits phytopharmaceutiques de synthèse ;
  • La lutte biologique.

 

De plus, des pratiques culturales ont démontré leur efficacité dans la réduction des dégâts associés aux adultes et la survie des larves, telles que la réduction de l’irrigation en période de ponte ou le labour du sol à l’automne.

 

« Si de telles actions ne sont pas déployées dans les plus brefs délais après la détection du scarabée japonais, empêcher sa dissémination une fois établie sur le territoire risque d’être long, avec une faible chance de succès », estiment les experts.