Il y a quelques mois, l’Uruguay a été secoué par l’une des plus grandes escroqueries financières de son histoire : un système frauduleux orchestré par l’entreprise Conexión Ganadera, qui a lésé plus de 6 000 investisseurs. La société promettait des rendements en dollars pouvant atteindre 10 % grâce à des investissements dans le bétail. Mais en réalité, elle fonctionnait selon un schéma de Ponzi, une fraude qui consiste à rémunérer les premiers investisseurs avec les fonds apportés par les nouveaux, sans générer de profits réels.
Fondée en 1999 par les hommes d’affaires Gustavo Basso et Pablo Carrasco, Conexión Ganadera se présentait comme une option sûre pour investir dans le secteur de l’élevage en Uruguay. Pourtant, en janvier 2025, l’entreprise a reconnu un déficit de 250 millions de dollars, avec des actifs estimés à 150 millions contre des passifs s’élevant à 400 millions. Un audit a révélé que, sur les plus de 800 000 têtes de bétail que la société prétendait gérer, moins de 70 000 existaient réellement. C’est ainsi que l’affaire a été surnommée celle des « vaches fantômes ».
Un évènement troublant
Les soupçons ont commencé à émerger après la mort de Gustavo Basso en voiture en novembre 2024. Bien que d’abord considéré comme un accident, les circonstances de cet événement ont suscité des spéculations sur un possible suicide, étant donné la crise financière que traversait l’entreprise.
Parmi les victimes figurent de petits épargnants, des chefs d’entreprise et même des institutions religieuses. Carlos Esponda, avocat représentant 420 plaignants (dont 60 Argentins), a précisé que « les investissements allaient de 50 000 à 800 000 dollars ».
L’impact économique s’est également fait sentir sur le marché du travail. L’abattoir Casa Blanca de Paysandú, en activité depuis 1810 et connu comme « le plus ancien abattoir du monde », accumulait une dette ancienne de 25 millions de dollars envers Conexión Ganadera. Cette situation a poussé de nombreux éleveurs à cesser d’y envoyer leur bétail, forçant l’usine à réduire son personnel de plus de 500 employés à seulement 80.
L’investissement dans le bétail en question
Le maire de Paysandú, Nicolás Olivera, a exprimé son inquiétude face à la situation, soulignant que « de nombreuses familles » sont touchées. Il a expliqué que l’abattoir emploie probablement « plus de personnes que le nombre d’habitants du village » de Casa Blanca, localité située à 15 km du chef-lieu départemental, et qui donne son nom à l’entreprise. L’usine, qui abattait en moyenne entre 1 000 et 1 200 têtes de bétail par semaine, a vu sa production chuter à 200, uniquement pour approvisionner sa propre chaîne de boucheries.
Actuellement, le parquet d’Uruguay enquête sur des faits d’escroquerie, de détournement de fonds et d’association de malfaiteurs en lien avec cette affaire. Les investisseurs lésés cherchent à remettre la main sur une partie de leurs économies, bien que les estimations indiquent qu’ils pourraient ne récupérer que 10 à 15 % des sommes investies.
Cette affaire a mis en lumière la nécessité d’une régulation plus stricte des fonds d’investissement dans le secteur de l’élevage en Uruguay. Un domaine qui, jusqu’à présent, fonctionnait sans supervision de la Banque centrale.