Le Beni est le deuxième plus vaste département de la Bolivie avec une superficie de 213 564 km² à la frontière du Brésil (près de 40 % de la superficie de la France). Le développement de l’élevage y a commencé en 1682, lors de la fondation de la première mission par les pères jésuites. Actuellement, le Beni compte plus de 3 millions de têtes de bétail et 8 000 éleveurs, dont 85 % sont de petits producteurs (50 à 500 têtes) et 3 % de grands producteurs, avec plus de 2 000 têtes.

À l’origine avec les Jésuites

« Les jésuites ont introduit le bétail appelé “criollo”, issu du croisement entre le bétail caracú (d’origine espagnole) et des taureaux de la région. C’étaient des animaux rustiques, de grande taille en raison du croisement avec des taureaux européens, très résistants aux maladies et, surtout aux tiques, taons et moustiques, qui sont typiques de ce climat », explique Alonso Poncio Mejía Rivero, membre de la troisième génération d’éleveurs. Sa famille possède neuf domaines d’élevage dans la région, avec un total de plus de 7 000 têtes de bétail.

Des races rustiques

« Au fil des années, des taureaux Guzerat, des taureaux métis indo-européens et, plus tard, la race Nelore ont été introduits en raison de leur rusticité. Aujourd’hui, nous avons 90 % d’animaux de cette race, très répandue au Brésil. Le Brahman a également été introduit, avec de bons résultats, bien qu’en quantité encore limitée. »

L’alimentation du bétail dans le Beni est basée sur des pâturages naturels. La gestion repose sur des rotations, avec un taux de chargement de trois animaux par hectare pendant la saison des pluies ou en période de bonne production de fourrage (durant environ six mois par an), et seulement un animal pour cinq hectares en saison sèche. « Je suis éleveur depuis 37 ans, notre production de veaux atteint 70 % du nombre de vaches, avec une mortalité de 5 % au sevrage et une mortalité de 5 % chez les adultes », précise Poncio Mejía.

Veaux et génisses d’un an

Il déplore que le gouvernement n’ait jamais soutenu les éleveurs du Beni, notamment pour améliorer la génétique. « Nous avons besoin de sécurité juridique, de lois garantissant la possibilité d’investir, ainsi que de crédits à taux préférentiel pour soutenir la production. En raison du changement climatique, nous sommes pénalisés par des amendes impossibles à payer, et on nous rend responsables des incendies de nos pâturages, alors qu’en réalité, ce sont les températures élevées qui enflamment les herbes sèches. »

« Nous avons besoin de politiques qui nous incitent à devenir de plus en plus efficaces et hautement compétitifs, car aujourd’hui, l’éleveur du Beni n’est qu’un producteur primaire, il ne produit que des veaux et des génisses d’un an », expose Poncio Mejía. Il conclut : « Notre souhait est d’avoir la capacité d’engraisser notre bétail, et pour cela, nous devons semer des pâturages. Nous avons besoin du soutien économique et technique du gouvernement, car nous ne pouvons pas faire tout cela seuls en tant qu’éleveurs. »