Les résultats d’un audit au Brésil de la direction générale de la Santé de la Commission européenne ont été publiés le 23 octobre 2024. Le thème ? Les contrôles des « résidus de substances pharmacologiquement actives, de pesticides et de contaminants dans les animaux et les produits d’origine animale » conduits au printemps de cette année. Si cet audit loue les procédures et les méthodes mises en place d’une manière générale, il révèle que sur la question des hormones, elles sont inefficaces. À quelques encablures d’une possible ratification de l’accord avec le Mercosur, ce rapport tombe à point nommé pour ses opposants.
De simples déclarations sur l’honneur
Les auditeurs ont ainsi passé en revue toute la chaîne de vérification brésilienne : la prise d’échantillon sur le terrain, les méthodes d’analyses en laboratoire et même les contrôles internes. Ils se sont également penchés sur les actions mises en place par les autorités en cas de résultats anormaux. Sur la plupart des éléments comme les résidus pharmaceutiques ou les pesticides, les auditeurs ont donc été rassurés.
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Mais un problème majeur a été soulevé concernant l’œstradiol 17β. Ce nom est peu connu dans nos contrées. Et pour cause, cette hormone qui peut être utilisée en élevage pour contrôler le cycle reproductif des animaux est interdite en Europe. Au Brésil, si elle est prohibée pour la croissance, elle est parfois utilisée pour des utilisations thérapeutiques ou pour la reproduction. Or, les animaux destinés au marché européen ne doivent en aucun cas avoir été traités avec des hormones. Et c’est là que les problèmes apparaissent.
Selon les auditeurs, aucun registre de traitement n’est obligatoirement tenu par les éleveurs brésiliens et le ministère de l’Agriculture doit s’en remettre à une déclaration sur l’honneur pour s’assurer que des produits non autorisés ont été utilisés. Selon les auditeurs « l’autorité compétente ne peut garantir la fiabilité des déclarations sous serment des opérateurs sur la non-utilisation d’œstradiol 17β ». En conséquence, « les dispositions actuelles visant à garantir que les bovins dont la viande est destinée au marché de l’Union européenne n’ont jamais été traités à l’œstradiol 17β à des fins zootechniques ou thérapeutiques sont inefficaces » selon le rapport.
L’autorisation d’exporter en jeu
Les auditeurs recommandent donc aux autorités brésiliennes de revoir leur législation en la matière et de présenter un « plan d’action » qui sera lui-même vérifié lors d’un prochain audit. La menace de la DG Santé est à peine voilée. Si aucune mesure satisfaisante n’est mise en place, elle se réserve le droit de remettre en cause « le maintien de l’inscription des bovins du pays à l’annexe I du règlement d’exécution (UE) 2021/405 ». En d’autres termes, d’interdire au Brésil d’exporter des produits d’origine animale vers l’Union européenne.