La bonne santé d’un veau se construit. « Elle commence en amont du vêlage avec la préparation des mères », rappelle Murielle Guiard, vétérinaire (GDS 72). Cette préparation conditionne la qualité du colostrum, la bonne expulsion du veau mais aussi la vigueur du nouveau-né, précieuse pour l’aider à téter dès les premières heures de vie. Pour préparer leur future lactation, l’alimentation des vaches doit être équilibrée. Un apport énergétique en fin de gestation peut être intéressant, sous réserve toutefois de le pondérer pour ne pas alourdir les veaux.

Soigner la minéralisation des mères

La complémentation des mères en minéraux, vitamines et oligoéléments est essentielle, « y compris en élevage allaitant où elle est parfois encore délaissée », insiste Murielle Guiard. La plupart des sols pâturés étant carencés, un apport de sélénium (Se) est tout particulièrement préconisé. En soutenant le système immunitaire, cet oligoélément anti-oxydant, « prévient les vêlages mous. » La minéralisation à l’auge reste le meilleur moyen d’optimiser sa prise. Le bloc ou le seau à lécher est un bon compromis au pâturage.

Veiller à ce que l’environnement du veau reste sain en limitant la pression infectieuse est une autre étape essentielle. En théorie, la case de vêlage devrait être nettoyée après chaque utilisation. Mais quand les vêlages s’enchaînent, la donne se complique. « Il faut trouver un compromis sans laisser la situation se dégrader », plaide Murielle Guiard qui conseille également de désinfecter la case « a minima entre deux périodes de vêlage. » Dans la nurserie, là aussi, il faut curer, nettoyer, décaper, désinfecter et respecter un vide sanitaire. « Avec un dispositif adapté, le décapage peut être fait à l’eau bouillante (90 °C), note la spécialiste. Cela permet de désinfecter en même temps. » En présence de sols battus, la soude caustique en paillette et la chaux vive « donnent des résultats probants. »

Considéré comme « le passeport pour la vie du veau né sans anticorps », insiste Murielle Guiard, le colostrum doit être de qualité, donné en quantité suffisante et rapidement après vêlage. En élevage allaitant, un colostrum de qualité contiendra plus de 100 g d’immunoglobuline (IgG) par litre.

Du colostrum sous six heures

« Pour contrôler la qualité du premier lait, on peut utiliser différents outils, comme le réfractomètre, et faire le test sur les 4 ou 5 premiers vêlages, cela suffit, avance Murielle Guiard. En cas de besoin, les éleveurs allaitants peuvent s’approvisionner en colostrum chez un éleveur laitier voisin. À condition d’être attentif aux aspects de paratuberculose, cette solution est préférable à un colostro-complément. »

La prise de colostrum doit intervenir rapidement, dans les six premières heures de vie du veau. « Le temps passant, les cellules de l’intestin se renouvellent et sont de moins en moins perméables aux anticorps », explique la vétérinaire. Une fois la buvée réalisée, une prise de sang est possible pour vérifier son bon transfert « sous réserve d’attendre au moins deux jours. »

Anne Mabire