« Les trois dernières semaines de gestation sont cruciales, insiste Alice Nothhelfer, vétérinaire et consultante en nutrition des bovins. Après le vêlage, la production de lait explose alors que la capacité d’ingestion est limitée. Cela entraîne un déficit énergétique inévitable. » C’est l’ampleur et la durée de ce déficit qui déterminera son impact sur la santé et la production de lait. La vétérinaire recommande de « faire en sorte qu’il soit le plus faible et le plus court possible ».
Un des leviers majeur est d’optimiser l’ingestion en fin de gestation. Cela passe avant tout par l’accès à une ration fraîche, à volonté, équilibrée, distribuée tous les jours et repoussée au moins une fois dans la journée. « Redonner du frais tous les jours, c’est vraiment miraculeux. La ration est plus appétante, les vaches sont stimulées et mangent beaucoup plus », affirme la vétérinaire.
Marche de 15 cm au maximum
L’accès à l’alimentation représente un élément clé dans la consommation, surtout pour des vaches lourdes et peu mobiles en fin de gestation. « La marche d’accès à l’aire d’alimentation doit être la plus petite possible, 15 cm de hauteur au maximum. » Un sol glissant est aussi à proscrire. Si la vache craint de tomber, elle se rendra moins régulièrement au cornadis, ce qui réduit inévitablement la quantité ingérée. Enfin, le confort des vaches au cornadis doit être optimisé.
En raison de leur plus grande largeur en fin de gestation, il faut compter 120 % de places à l’auge, soit 12 cornadis pour 10 vaches. « L’espace à l’auge optimal, en fin de gestation est de 85 cm par vache, explique Alice Nothhelfer. Un minimum acceptable est de 75 cm. » En dessous, la compétition augmente, créant des inégalités d’ingestion.
Dernier point de vigilance : l’accès à l’eau. Au moins deux points d’eau sont nécessaires par case, avec un débit suffisant et un accès dégagé. « Une vache qui boit moins consommera moins d’aliments, et digérera aussi moins efficacement », rappelle la vétérinaire.
10 m² par vache gestante
« Un des grands défis en élevage reste le manque de place, constate Alice Nothhelfer. Et malheureusement, les vaches taries sont rarement les mieux loties. » Surtout si leur effectif varie beaucoup sur l’année. Il est compliqué de paramétrer les cases pour une période à forte densité, si le reste de l’année l’espace est presque vide. « Pour savoir si les vaches ont assez de place, il faut se poser la question : au moment du pic de vêlages, combien de mètres carrés ai-je par vache ? Au-dessus de 12 m², c’est l’idéal. Mais en dessous de 10 m², ce n’est pas suffisant », affirme la vétérinaire.
Si les vaches en préparation au vêlage manquent de place, plusieurs solutions sont envisageables : étaler les vêlages pour former des lots plus homogènes, réaménager les cases, ou sortir certains lots d’animaux moins fragiles… si les conditions météorologiques le permettent.