Six mois après la reprise par le groupe Avril de Metex, un premier bilan positif du plan de redressement a été présenté le 13 janvier sur le site d’Amiens (Somme), en présence des acteurs locaux et des élus. Rebaptisée Eurolysine, l’entreprise est la dernière en Europe à fabriquer des acides aminés par fermentation, notamment la lysine, pour l’alimentation animale.

Sans cette usine, la France et l’Europe importeraient davantage de soja. D’où l’importance de cette reprise « pour la souveraineté alimentaire française et européenne », considère Jean-Philippe Puig, directeur général du groupe Avril. Il pointe du doigt les pratiques de dumping de la Chine, l’autre grand producteur d’acides aminés, qui a cassé le marché mondial.

Site Eurolysine d'Amiens (Somme), production d'acides aminés par fermentation. Jean-Philippe Puig (à gauche), directeur général d'Avril, et Eddy Feijen, président d'Eurolysine, le 13 janvier 2025. (©  Isabelle Escoffier)

« Le rétablissement d’une concurrence loyale avec la Chine est nécessaire pour reconquérir nos parts de marché », insiste Eddy Feijen, président d’Eurolysine. Les dirigeants se félicitent de l’entrée en vigueur, le 14 janvier, au niveau européen, d’une taxe anti-dumping provisoire entre 55 et 80 % (selon les fournisseurs) sur la lysine chinoise, à la suite d’une plainte de Metex.

Cette taxe doit être confirmée par Bruxelles d’ici à juillet prochain. Eurolysine a aussi déposé une plainte à Bruxelles contre le dumping chinois sur la valine, un autre des six acides aminés produits à Amiens. Une commission d’enquête a été ouverte le 19 décembre 2024.

Contrats d’approvisionnement locaux

Pas moins de 130 millions d’euros vont être investis dans le site d’ici à 2030, dont 20 millions d’euros en 2025, pour redresser les activités de Metex qui avait perdu 70 millions d’euros depuis trois ans. Le groupe Avril entend atteindre l’équilibre financier dès 2025. Il compte notamment augmenter ses capacités de production à 100 000 tonnes cette année, contre 30 000 t sous l’ère Metex. « Nous avons également remis en place des contrats d’approvisionnement avec des partenaires locaux », précise Eddy Feijen. Ainsi, 80 % de ces approvisionnements parcourent moins de 300 km, dont la moitié moins de 150 km.

C’est le cas notamment pour le sucre, dont le prix est aussi un enjeu majeur pour ce site industriel. Eurolysine représente en effet 4 % du marché français du sucre. Un contrat sur trois ans a été signé en 2024 avec les différents opérateurs (Tereos, Cristal Union et Saint Louis Sucre). « Il nous reste encore deux ans et demi pour travailler avec nos fournisseurs afin de trouver les moyens de stabiliser cette usine », expose Jean-Philippe Puig.