L’été bat son plein au Gaec du Val d’Azur à Arvieux dans les Hautes-Alpes. François Blanc, Damien Philip et Simon Philip, tous trois la trentaine mènent de front un cheptel de 60 tarines laitières et de 20 aubracs allaitantes en système extensif de haute montagne.

Un investissement de 20 000 euros

Sur les hauteurs du village, l’alpage collectif de Jalleyt leur offre 120 hectares à valoriser au pâturage tout l’été en plus de 100 hectares de fauche dans la vallée. La partie basse de l’alpage accueille un ruisseau, qui suffit à abreuver les vaches. Au 1er août, le troupeau se lance à l’assaut de la partie haute, à 2 300 mètres d’altitude, pourtant dénuée de source d’eau naturelle.

Un impluvium ou bassin de récupération de l’eau de pluie et de l’eau de fonte des neiges permet d’y faire pâturer les vaches. Mesurant 25 m de longueur pour 10 m de largeur, il a une capacité de stockage de 180 m³. « L’eau est acheminée par gravitation dans des tuyaux vers deux abreuvoirs situés quelques dizaines de mètres plus bas », explique François Blanc.

Construit en 2003 avec la collaboration du Cerpam (Centre d’études et de réalisations pastorales Alpes-Méditerranée), l’impluvium a coûté 20 000 € au groupement pastoral du val d’Izoard et a été subventionné à 80 % par des fonds européens.

Des abreuvoirs situés en dessous de l'impluvium sont remplis par gravité grâce à des tuyaux enterrés. ( ©  Claire Charrassin/GFA)

Grâce à ce bassin, les trois exploitants du Gaec du Val d’Azur gagnent 15 jours de pâturage, de quoi « optimiser l’été au maximum ». La logique ? « Nous travaillons pour produire, mais nous travaillons surtout pour valoriser un espace, la montagne, avec un système le plus extensif possible. »

Jusqu’en 2021, cette zone haute de l’alpage accueillait 10 veaux tarins de renouvellement du cheptel laitier et 50 veaux extérieurs à l’exploitation âgés de 6 mois à 1 an. Aujourd’hui, ce sont les vaches allaitantes qui y pâturent. « Avec la présence grandissante du loup, les veaux n’étaient plus en sécurité, nous nous sommes adaptés », confie François.

Prévoir la sécheresse

Une chose est sûre, l’eau de l’impluvium n’est pas adaptée aux vaches laitières, car « elle stagne et croupit. Ça suffit pour les vaches allaitantes et les veaux, mais nos vaches laitières ne boiraient pas assez et la production en serait affectée explique François. Un de mes projets est de trouver un système d’oxygénation de l’eau alimenté par une pompe solaire. »

L’impluvium représente également une assurance en cas de sécheresse. « Chaque année, la source située sur la partie basse de l’alpage coule de moins en moins bas. Alors, l’impluvium c’est notre sous-pape de sécurité pour abreuver les vaches en cas de problème futur », admet l’exploitant.

Le chantier, effectué à l’été 2003 a duré trois jours et mobilisé une dizaine d’éleveurs. François Blanc a depuis participé à la construction d’un autre impluvium sur un alpage voisin et partage son expérience : choisir un endroit naturellement en cuvette et isolé des chemins de randonnées, faire des bords en pente et non à pic pour soulager la tension sur la bâche…

« Le tout, c’est d’être bien accompagné et de veiller au grain pendant le chantier pour que les choses soient bien faites. Un calcul prenant en compte l’évapotranspiration et les besoins du troupeau a permis de déterminer la taille de la bassine. » Seule ombre au tableau, les trous de marmottes qui apprécient la proximité de l’eau et causent parfois des fuites…