« Lorsque l’on s’engage dans la création d’un parc agrivoltaïque (1), il faut anticiper un maximum de difficultés », prévenait Audrey Désormeaux, de la Fédération nationale ovine (FNO), le 3 novembre lors d’un webinaire Innovin organisé par l’Institut de l’élevage (Idele). Le projet doit être écrit et clair pour tout le monde (développeur, exploitant, propriétaire) », ajoute-t-elle.
Prévoir l’aménagement
Les discussions débutent donc bien en amont de la construction avec le développeur. L’ensemble des parties prenantes du projet s’installent autour d’une table pour dessiner le plan du parc et prévoir l’ensemble de ses aménagements. « Sans oublier un point d’affouragement et des abreuvoirs », indique Julien Fradin de l’Idele. Près de l’entrée principale, une zone de déchargement doit être prévue pour l’arrivée et le départ du troupeau. Un autre espace sans panneaux dédié à la contention facilite l’intervention sur les animaux. « Le développeur peut prendre une partie de l’aménagement à sa charge. C’est un point à négocier », ajoute-t-il.
Sur le plan pratique, il est important de créer des ruptures dans l’alignement des tables (au moins tous les 150 mètres). Cela permet de se déplacer plus facilement dans le parc, à pied ou en quad, et d’installer les clôtures électriques pour la gestion du pâturage. Attention à ne pas placer les tables trop près de la clôture afin que les engins puissent braquer aisément en bout de rang. Mieux vaut aussi prévoir des entrées « secondaires » pour que la centrale, qui est « solidement » clôturée, ne soit pas trop isolée des autres parcelles.
Attention à l’éloignement
« L’éloignement du parc par rapport au siège de l’exploitation est un critère à considérer », alerte encore Julien Fradin. Une distance maximum de 20 km est conseillée pour que la surveillance quotidienne ne soit pas trop lourde à gérer. Pour la surveillance aussi, il est « confortable » de prévoir un bas de table à 1,50 m sachant l’installation d’un « monopieu » est nécessaire pour envisager un travail de broyage des refus et éventuellement un réensemencement.
Avant même d’engager ces discussions, l’exploitant a passé en revue les atouts et les faiblesses du projet à l’échelle de son exploitation et de son système fourrager. « L’impact du parc sur les stocks doit être pris en compte. La période de transition n’est pas à négliger non plus. Elle peut durer plusieurs mois et même si elle se déroule souvent pendant l’hiver les allers-retours avec les engins risquent de limiter la pousse de l’année suivante. La fertilisation pourra-t-elle se faire ? Devrais-je prévoir une baisse du chargement ? sont autant de questions auxquelles il faudra répondre le plus précisément possible bien avant le début des travaux », déclare Julien Fradin.
(1) Lire La France Agricole du 3 novembre 2023 pages 14 et 15. (Projets agrivoltaïques : pas facile d’avoir sa place au soleil.)