Ce jeudi 20 juin 2024, c’était la première fois que le Groupement des agriculteurs bio (Gab) d’Île-de-France convoquait la presse. Et pour cause : « La situation est alarmante et inédite, souligne Fanny Héros, responsable de la communication à l’occasion de la publication de l’observatoire francilien de l’agriculture biologique. 2023 est la première année qui connaît un plateau concernant le nombre de fermes et les surfaces en bio (lire l'encadré). On a besoin de retrouver du bio dans nos champs et nos assiettes. »

La crainte d’une « vague de déconversion »

Thomas Lafouasse, agriculteur à Pecqueuse (Essonne) et vice-président du Gab, craint « une vague de déconversions ». « La vente des céréales représente la locomotive de beaucoup d’exploitations. Or le prix du blé a chuté de 400-450 €/t à 200 €/t en 2023 et au début de 2024, alors que les charges explosent et que l’aide au maintien a disparu. Plus largement, toutes les filières bio sont en crise depuis deux ans. »

Pour Carine Thierry, agricultrice à Châtenoy (Seine-et-Marne), vendre des céréales à ce prix n’était plus possible. « Nous venons de monter un atelier de porcs en plein air. En créant un débouché pour notre production, nous gagnons en rentabilité et maintenons l’emploi sur notre ferme. »

Réguler la volatilité

Pour la récolte de 2024, entre la baisse de production attendue qui fait suite aux mauvaises conditions climatiques, les déconversions et le respect plus prononcé de la loi Egalim, les prix pourraient monter. « Il y a trop de volatilité, dénonce Thomas Lafouasse. Ceux qui choisissent le bio le font aussi pour sortir des variations sur les marchés mondiaux. »

Pour lui, le Gab doit structurer des filières bio franciliennes avec des prix pluriannuels stables. À commencer par celle du pain. « Tous les outils et opérateurs existent déjà : la matière première, les organismes stockeurs, les meuniers, les boulangers. L’idée serait d’alloter une partie de la récolte de 2024 pour créer une étiquette “Pain bio d’Île-de-France” au printemps 2025. » Une filière qui pourrait être déclinée pour d'autres productions.

Florence Mélix