À l’approche du Salon international de l’agriculture et de la présentation du plan Ambition Bio pour la période 2023-2027, la Fédération nationale de l’agriculture biologique (Fnab) a présenté son analyse de la situation de l’agriculture biologique le 22 février.
Constatant que l’enveloppe des aides à la conversion risque de ne pas être utilisée, l’organisation suggère de ramener les montants disponibles vers les exploitations déjà converties mais aujourd’hui en souffrance. Une demande que Philippe Camburet, président de la Fnab justifie. « Il faut un soutien d’abord à court terme pour toutes les fermes qui aujourd’hui licencient des salariés, des fermes qui cèdent des animaux, des fermes qui vendent du matériel, des fermes qui aujourd’hui se délitent par rapport au modèle qu’elles avaient pu projeter » argumente-t-il. « Cette enveloppe est présente. Ne pourrait-elle pas être déplacée vers des fermes qui sont en risque très prochain de se déconvertir, voire d’arrêter complètement leur activité ? » poursuit-il.
Augmenter l’éco-régime
Si la crise de la bio a sérieusement grippé la dynamique de conversion, la Fnab pointe également la suppression des aides au maintien comme l’autre facteur prépondérant. Autre constat, la baisse des aides venues remplacer le dispositif via la Pac, ce que regrette Sophia Majnoni d'Intignano, déléguée générale de la Fnab « Ces aides ont été remplacées par un éco-régime qui, pour la bio est en théorie 110 € par hectare et par an. Or nous voyons qu’en réalité, il est qu’à 92 € par hectare parce que l’accès à l’éco-régime a été rendu trop simple et qu’il a fallu baisser les montants moyens payés à l’hectare » observe-t-elle. Le syndicat demande donc que le niveau de l’éco-régime soit rehaussé à 145 €/ha lors de la révision du Plan stratégique national de la Pac en 2025.
« Bloquer les conversions » pour enrayer la crise du bio (21/02/2024)
D’ici là, la Fnab demande aussi qu’un « mécanisme d’urgence » soit mis en place sur 2024 et 2025 pour aider les producteurs sur la base d’une perte de 20 % du revenu disponible par an.
Parmi les autres demandes du réseau, la Fnab demande que le crédit d’impôt accordé aux producteurs jusqu’en 2025 soit prolongé. « Ce serait un signal fort et qui pourrait redonner de la considération au producteur bio en tant que citoyen et contributeur à la bonne santé de notre société dans son ensemble. Un crédit d’impôt prolongé jusqu’en 2027 aurait du sens aujourd’hui et donnerait un signal positif » estime Sophia Majnoni d'Intignano.
Un signal positif pour une filière qui nourrit quelques regrets sur les dernières années alors qu’elle ne perçoit pas encore le bout du tunnel. « On n’a certainement pas eu l’effort suffisant pour passer au bio en France malgré tout ce que ça peut apporter la société. Ça n’est pas récompensé à la hauteur des efforts fournis malheureusement » constate Philippe Camburet.