Énergie, alimentation, prix des poulettes, main-d’œuvre… Face à la hausse des coûts de production, les producteurs d’œufs bio et de plein air s’inquiètent du devenir de leurs exploitations.

« Le prix du produit doit augmenter pour permettre aux producteurs de continuer à obtenir une juste rémunération de leur travail », alerte dans un communiqué du 29 mars 2023 la FRSEA Pays de la Loire, Centre-Val de Loire et Auvergne-Rhône-Alpes.

Alors que les charges ont progressé de 30 à 40 %, le prix de l’œuf bio contractualisé et payé aux producteurs peine à atteindre les 0,19 €, selon les aviculteurs. « Aujourd’hui, on est à 18,30 centimes par œuf bio, soit 183 €/1 000 œufs », indique Céline Brouard, éleveuse de poules pondeuses dans la Sarthe et représentant un collectif d’aviculteurs des Régions Pays de la Loire et Centre-Val de Loire.

« La grande distribution doit rogner sur ses marges »

Pour le collectif, la problématique est identique pour tous les types d’élevage à une différence près. En effet, la filière bio doit respecter un cahier des charges strict qui génère des coûts et « dont l’aval de la filière doit tenir compte ».

« Un œuf de poule en cage s’approche actuellement du prix de l’œuf bio payé à l’éleveur, ce qui est un non-sens » au regard des charges supplémentaires qui incombent aux producteurs bio, explique Céline Brouard.

Au travers de leurs acheteurs, les aviculteurs demandent aux conditionneurs qui négocient avec la grande distribution d’augmenter le prix d’achat des œufs. « Dans les rayons des grandes surfaces, j’ai vu des œufs à 0,68 € en bio alors que nous sommes payés 0,18 € », souligne l’éleveuse. Selon le collectif, la grande distribution doit donc rogner sur ses marges afin de leur en restituer une partie.

L’interprofession des œufs (CNPO) réclame ainsi une hausse du prix payé aux éleveurs de 3,5 % pour le bio et de 1,5 % pour le plein air. Avec les difficultés liées à la grippe aviaire qui s’ajoutent à la flambée des coûts de production, les aviculteurs demandent davantage de lisibilité sur les débouchés possibles.

Davantage de soutien des pouvoirs publics

Si le plein air est parvenu à obtenir une petite revalorisation, de 0,5 % aujourd’hui, elle est loin de satisfaire les 1,5 % demandés par l’Interprofession.

Les aviculteurs bio et plein air des Régions Pays de la Loire et Centre-Val de Loire souhaitent donc être entendus et rejoints par un collectif national. « Aujourd’hui, il y a de nombreuses organisations professionnelles qui sont dans la même difficulté et qui n’arrivent pas à obtenir de revalorisations », précise l’éleveuse.

L’objectif est d’interpeller les pouvoirs publics qui, selon eux, ne respectent pas leurs engagements pris avec la filière bio, il y a deux ans. « Aujourd’hui, le bio est vraiment mis à mal », souligne Céline Brouard. Aussi, les producteurs souhaitent que le gouvernement les soutienne dans leur démarche de conversion.