En agriculture biologique depuis 2010, le Gaec des Jonquilles explore les techniques culturales simplifiées (TCS). Ces dernières années, « la principale évolution a été d’introduire le semis direct dans les prairies, explique Julien Gueneau, l’un des trois associés de cette exploitation laitière de L’Herbergement, en Vendée (1). À chaque essai, nous travaillons d’abord en microparcelles (0,5 à 1 ha) ou microplacettes (quelques mètres carrés) avant de généraliser. »

Le Gaec cultive 196 ha de SAU, dont 120 ha de prairies. Le semis direct concerne uniquement les parcelles de ray-grass anglais (RGA) × trèfle blanc (TB) pâturées et de ray-grass hybride (RGH) × trèfle violet (TV) fauchées. Les associés utilisent un semoir à dents et sèment « relativement » tard. Expérience à l’appui, « mieux vaut laisser les premières pluies de septembre pour la prairie et attendre que le sol soit frais, voire très frais. Ce n’est pas un facteur limitant. »

La flore de départ a une incidence

Julien Gueneau observe que la flore de départ joue un rôle important. Plus il y a de légumineuses par exemple et mieux le semis direct fonctionne. « Dans un ray-grass hybride × trèfle violet de deuxième année puissant, les graminées répondent mal ou pas. Il faut attendre la fin de cycle, en troisième année. »

Depuis ses premiers essais il y a huit ans, le Gaec a testé de nombreuses espèces végétales. Le colza fourrager ? « Sur cinq années, nous avons enregistré 100 % d’échec. La culture lève mais les prédateurs, a priori des limaces, se mettent dedans et suivent la ligne de semis. » Même constat pour les trèfles blancs ou violets. À l’inverse, la vesce velue, semée en plein champs (10 ha) pour la première fois à l’automne 2019, a donné de bons résultats. « Pour l’instant, c’est l’espèce la plus puissante. Le taux de germination est très bon et sa capacité à s’exprimer excellente. » Cette année, une quarantaine d’hectares a été semée.

Autre espèce très intéressante : la féverole pure. En 2020, elle a été testée dans une prairie de RGH × TV de deuxième année, sur une bande de 6 mètres de large. Le semis a été réalisé le 15 octobre à 200 kg/ha. Au moment d’ensiler, « la culture était tellement belle que nous avons décidé de la pousser à grains. Au battage, on était à 22 q/ha, ce qui correspond cette année-là au rendement moyen de nos féveroles pures en itinéraire classique. » Cette année, 9 ha ont été semés. « On verra le résultat mais, économiquement, sur une base de 20 q/ha et en incluant le pâturage d’automne, on est gagnant. »

Sur le plan financier, le Gaec des Jonquilles estime à 187 €/ha le coût moyen d’un semis direct dans une prairie. Soit 37 € de main-d’œuvre et mécanisation, auxquels s’ajoutent 150 € de semences. « Par principe, nous considérons que le taux de germination est moins bon en semis direct. Pour obtenir du résultat, il faut doser plus, précisent les associés. Reste que dans notre système laitier, ce surcoût est rapidement amorti. Il suffit de 0,6 t de MS/ha de fourrage en plus. » Anne Mabire

(1) Le Gaec des Jonquilles a partagé son expérience aux Rencontres de l’agriculture biologique
de conservation, le 15 février à Laval (53).