Il aurait pu participer à notre concours d’agri-inventeurs avec son semoir à dents, son adaptation pour déplacer les matériels avec un chargeur télescopique ou l’une de ses multiples solutions de rangement. Mais c’est son nourrisseur de grande capacité que Victor Cointe a choisi de présenter.
Éleveur de vaches charolaises et entrepreneur de travaux agricoles à Crux-la-Ville (Nièvre), Victor est passionné d’autoconstruction. « Je me suis lancé dans la fabrication de ces nourrisseurs lorsque les contrôles de performance ont montré des écarts de poids de sevrage sur mes veaux, explique l’agriculteur. Ce n’est pas très étonnant puisqu’avec un nourrisseur qui propose moins de places que le nombre de veaux, les animaux les plus costauds ou dominants s’alimentent en premier et bloquent les autres. Mais dans le commerce, il est impossible de trouver des nourrisseurs de plus de 14 ou 16 places. De plus, comme je pratique le pâturage tournant, je bouge le nourrisseur avec le lot. Il fallait donc une solution facilement transportable. »
Des matériaux neufs
Contrairement à une grande majorité d’agri-inventeurs, Victor ne s’est pas tourné vers des matériaux de récupération. « Je préfère partir d’éléments neufs pour proposer quelque chose de propre », glisse l’exploitant.
Pour son nourrisseur de grande capacité, Victor se lance dans une version de 20 places, c’est-à-dire capable d’accueillir 10 veaux de chaque côté.
Concernant les matériaux, il opte pour de l’acier de 5 mm sur les montants extérieurs et de 4 mm sur les barres centrales. « Il ne faut pas chercher à faire d’économies sur la qualité de l’acier car le nourrisseur doit résister à la poussée d’un taureau qui va venir se frotter contre les montants », insiste-t-il.
Sur le passage de gauche, Victor a placé une barre pivotante qui permet à l’éleveur d’entrer avec ses seaux.
Au centre du nourrisseur, l’auge est conçue en plastique imputrescible. « Cette structure annelée est utilisée pour les parcours d’obstacles des chiens en agility, s’amuse Victor. C’est exactement ce qu’il me fallait car j’ai besoin d’y mettre du sel vitaminé sans prendre le risque de l’endommager. »
L’auge est protégée par un demi-toit, qui permet à l’ensemble de sécher plus vite que sous un nourrisseur entièrement couvert. À terme, il envisage de tester un toit sur rail qui autoriserait le remplissage au godet.
Sur le côté de son invention, l’éleveur a prévu deux passages de fourche pour la déplacer avec le chargeur télescopique. « Mon nourrisseur sert aussi au moment du sevrage pour amener les veaux vers la bétaillère sans les stresser, grâce à des barrières mobiles placées le long de la structure », se félicite-t-il.
Victor ne s’est pas arrêté à un nourrisseur et en a conçu d’autres de différentes tailles, avec un code couleur pour chaque gabarit : vert pour les 20 places, bleu pour 16 places. « De cette façon, tout le monde sait combien de seaux il doit mettre dans l’auge en fonction de la couleur utilisée. »