Le laiteron des champs est un problème croissant dans différentes régions, notamment les Hauts-de-France dans les systèmes céréaliers et légumiers de plein champ, en agriculture biologique mais aussi en conventionnel. « Des herbicides réussissent encore à le contenir mais ils sont souvent non autorisés sur certaines cultures comme les légumes d’industrie », note Jeanne Delsaut, ingénieur d’études chez Agro-Transfert qui a participé au programme Vivlébio2 (1).
Cette vivace, au système racinaire cassant et superficiel, concurrence les cultures de printemps. Elle se développe rapidement en 5 à 10 jours, dès le mois d’avril, à partir de graines mais surtout par multiplication végétative grâce aux fragments de racines. La floraison intervient entre juin et août puis le laiteron entre en dormance à partir de mi-septembre. Il s’acclimate à tous les types de sol, bien qu’il soit favorisé dans ceux riches en azote et en potasse, et peu caillouteux.
Scalpages
La gestion du laiteron des champs sans herbicide passe principalement par l’épuisement de l’énergie stockée dans ses racines. Comment ? En réalisant au minimum trois scalpages successifs au printemps au moment où la vivace est la plus poussante et avant qu’elle ait reconstitué ses réserves (stade 4 à 7 feuilles). « Le but est de détruire toutes les parties aériennes pour être sûr que le laiteron ne va pas continuer à stocker de l’énergie dans ses racines et refaire une rosette, développe Jeanne Delsaut. Nous préconisons plutôt des outils à dents chevauchantes avec un bon recouvrement, de 30 % au minimum. » Un meilleur contrôle est en effet observé quand les fragments racinaires formés sont de petite taille.

Pour limiter la repousse des fragments racinaires remontés en surface, mieux vaut réaliser les scalpages avant des conditions chaudes et séchantes. Lorsque le type de culture le permet, haricots verts par exemple, il est possible ensuite de réaliser deux binages pour accentuer l’épuisement. L’enfouissement des fragments racinaires du laiteron par un labour (même à 15 cm) permet d’améliorer le contrôle de l’adventice. Il a plus d’effet sur la vivace lorsqu’il est réalisé au printemps plutôt qu’à l’automne.
Choix des cultures
Lutter contre le laiteron, c’est aussi implanter des cultures permettant d’avoir suffisamment de créneaux pour l’épuiser (lire encadré). Le choix se portera soit sur des espèces de printemps tardives permettant de scalper en mai, juin et juillet, soit sur des cultures d’hiver qui se récoltent tôt afin de pouvoir intervenir au moins trois fois avant mi-septembre et l’entrée en dormance.
Choisir des cultures étouffantes est une autre option pour affaiblir l’adventice sur la durée. Leur levée doit être rapide au printemps avec une forte couverture aérienne et des racines superficielles pour concurrencer celles du laiteron. Elles doivent aussi laisser la possibilité d’une stratégie d’épuisement avant ou après, souligne la spécialiste.
Parmi les cultures à fort effet nettoyant figurent par exemple le sarrasin, le mélilot, le seigle, l’orge d’hiver, les associations de céréales et protéagineux d’hiver, les légumes plein champ sarclés tardifs (semis au mois de juin). Les céréales de printemps, le maïs, les protéagineux cultivés seuls, les légumes de plein champ sarclés précoces… sont moins adaptés.
(1) Programme (2020-2024) coordonné par Agro-Transfert sur la maîtrise du laiteron des champs et de la fertilité des sols en systèmes légumiers biologiques.