Parmi les adventices problématiques sur cultures de printemps, le chénopode blanc, espèce printanière, mais aussi le datura stramoine, plutôt estivale, demeurent difficiles à maîtriser. Ces deux espèces disposent de graines plus persistantes, que celles des graminées. Elles ont aussi des plages de levées très étendues, allant du début du printemps jusqu’à la fin de l’été.

Des pratiques culturales pour plus de maîtrise

Agro-Transfert a fait le point sur les pratiques culturales qui permettent de mieux les maîtriser. Avec une forte persistance des graines dans le sol, il faudrait une succession de cultures d’hiver de plusieurs années pour une réelle efficience de l’effet rotationnel. Le labour est lui aussi peu pertinent, voire contreproductif. Le datura va en effet émerger plus facilement si ses graines reviennent dans l’horizon travaillé.

Le faux-semis apparaît en revanche efficace pour le déstockage des graines. Sur chénopode, il faut un travail du sol superficiel et répété. Un travail du sol à 10 cm de profondeur est conseillé sur datura. Les essais ont de plus montré que les graines scarifiées lèvent mieux. « D’où l’importance du choix de l’outil pour réussir les faux-semis sur datura », appuie Marie Flament, chez Agro-Transfert. Elle alerte aussi sur les levées échelonnées qui vont jusqu’à huit semaines pour cette espèce.

Jouer sur la date de semis, un mulch ou un semis sous couvert est apparu comme peu pertinent sur les cultures où l’on retrouve ces deux mauvaises herbes. Miser sur des espèces ou des variétés compétitives, sur la densité ou un écartement différent est toutefois intéressant.

Des leviers innovants

De nombreux articles de la bibliographie avaient aussi mis en évidence l’intérêt d’apport d’azote en localisé. Des nouveaux travaux ont été menés sur betteraves en 2021 et 2023 par Agro-Transfert et l’Inrae. La première année, l’azote sur le rang a permis de diminuer la biomasse adventice dans l’interrang (résultats statistiquement non significatifs). En revanche, elle a augmenté sur le rang pour les mauvaises herbes, mais a baissé pour la culture.

En 2023, les biomasses des adventices dans l’interrang et sur le rang ont augmenté en localisé par rapport à l’azote en plein. La biomasse de la betterave, quant à elle, était à nouveau moindre. Les hypothèses formulées au départ n’étant pas vérifiées, une dernière année d’expérimentation est en cours pour voir l’effet possible d’une dose plus importante d’azote en localisé.

S’il agit sur l’infestation finale, l’écimage est un autre levier d’atténuation innovant qui a été étudié. Bastien Boquet chez Agro-Transfert note l’importance du positionnement de l’intervention. Trop tôt, l’adventice est en mesure de redémarrer et de produire davantage de graines sur les pieds écimés.

« Peut-être qu’il faut une stratégie en deux passages tardifs pour épuiser la plante et éviter le rebranchement et la surproduction de graines », complète-t-il. Bastien Boquet précise en outre qu’une écimeuse récupératrice serait plus intéressante. Autre alternative évoquée : le désherbage à pneus pour arracher les plantes entières, notamment sur betteraves.