« La gestion des adventices en culture d’oignon de semis est confrontée à l’absence de solution phytosanitaire véritablement sélective », explique Valérie Patoux. Pour cette culture peu couvrante semée tôt et à croissance lente, la conseillère en productions légumières de la chambre d’agriculture de la Normandie indique : « Il y a un fort intérêt à combiner les méthodes en fonction du stade de la culture. »

Valérie Patoux souligne l’intérêt du binage associé à des solutions complémentaires pour gérer le salissement du rang. Elle note aussi les atouts du brûlage en prélevée, notamment en agriculture biologique, mais constate que les alternatives au désherbage chimique conduisent à une augmentation des charges.

Ses préconisations s’appuient notamment sur les essais conduits dans le cadre du projet Amados, comparant herse étrille, binage et brûlage en association ou non avec un désherbage chimique. De 2020 à 2022 et sur trois sites du Calvados, leur sélectivité, efficacité et bilan économique ont été mesurés.

Une efficacité variable selon les sols

« Dans les terres légères filtrantes et salissantes des deux premières années d’essai, l’absence de chimie contraint à intervenir souvent, explique Valérie Patoux. En terres plus limoneuses et moins poussantes, en dernière année d’essai, la bineuse a permis de gérer de 50 à 75 % de la pression des adventices. » Mis en œuvre au stade de deux à cinq feuilles de l’oignon, le binage a réduit en moyenne le salissement entre rang de plus de 50 %. « Avec les progrès apportés par le guidage, cette technique conforte son intérêt », conclut la conseillère.

Autre option : le désherbeur thermique utilisé en plein. Il détruit de manière efficace les plantes indésirables juste avant la levée de l’oignon. Par contre, il occasionne trop de pertes ou de retards de développement s’il est utilisé en postlevée.

La herse étrille, associée à une densité de semis accrue de 20 %, a montré sa facilité d’utilisation et son efficacité. Toutefois, elle présente un risque important de perte qui limite sa mise en œuvre. « Pour améliorer sa sélectivité, elle peut être préconisée en prélevée, puis à partir du stade 3-4 feuilles », note Valérie Patoux.

Soulignant l’impact des adventices sur le rendement et la qualité des oignons, la conseillère indique : « La solution de désherbage ultra-localisé développée par Ecorobotix (lire l'encadré) permet de réduire les risques de phytotoxicité et d’éviter les rattrapages à la binette en dernier recours. Ce type d’agroéquipement innovant est éligible au soutien du plan de souveraineté de la filière Fruits et légumes France 2030. »