Des travaux d’Arvalis, menés de 2020 à 2022, ont montré que la couleur de la graine de folle-avoine est liée à sa maturité. « Les graines vertes à marron clair sont immatures et ont une capacité germinative plus faible que celles, plus foncées, qui sont matures », rapporte Cécile Roques, ingénieure à Arvalis. Selon l’étude, les levées de folle-avoine sont plus importantes lorsque les graines sont matures, qu’elles restent en surface plutôt qu’enfouies à 3 cm, et qu’elles subissent un passage au froid, à des températures inférieures à 5°C.

L’écimage, utilisé en rattrapage pour gérer la folle-avoine, est ainsi d’autant plus efficace pour réduire les levées l’année suivante qu’il est effectué sur des graines immatures (entre la mi-mai et le début de juin en culture d’hiver, selon la région), et que celles-ci sont légèrement enfouies. « Dans ce cas, l’agriculteur peut ensuite implanter une culture d’hiver, en jouant sur la concurrence, avec une variété précoce et couvrante, et une date de semis avancée », indique Cécile Roques.

Déstocker après un écimage tardif

Si cette stratégie n’est pas possible, que l’agriculteur est dépendant d’une Cuma par exemple et écime plus tardivement sur graines matures (après le début de juin), l’ingénieure recommande un déstockage. « Si l’agriculteur est flexible et peut envisager de ne pas implanter une culture d’hiver, il faut profiter de l’automne pour faire lever les folles-avoines par des faux-semis et les détruire, explique-t-elle. Le froid favorisant la germination des graines matures, il est intéressant après l’hiver de refaire un travail du sol avant le semis de la culture de printemps pour détruire ces nouvelles levées. » La folle-avoine a un taux annuel de décroissance (TAD) élevé : 80 % des graines disparaissent d’une année sur l’autre. « Il y a donc intérêt à les laisser en surface pour qu’elles se dégradent lorsqu’on prévoit de semer une culture de printemps l’année suivante », indique Cécile Roques.

S’il est préférable d’écimer lorsque les graines sont vertes, celles-ci restent néanmoins viables et peuvent toujours germer. « Même désolidarisées de la hampe, elles continuent de gagner en maturité, commente l’ingénieure. Mais elles vont germer au maximum à 40 %, tandis que plus de 80 % des graines matures écimées peuvent lever. »

L’écimage a toutefois ses limites. « La folle-avoine a des levées échelonnées. Cela signifie qu’à la mi-mai, on écime les graines immatures de la population qui dépasse la culture. En revanche, les autres pieds qui étaient en dessous vont passer quelques jours plus tard au-dessus de la culture puis gagner en maturité. On aura donc quand même des graines matures si on n’écime pas une autre fois », illustre Cécile Roques. Par ailleurs, la génétique de l’adventice peut jouer sur la maturité de la graine et les périodes d’intervention, selon la région. L’écimage est un levier intéressant, mais à condition de le combiner à d’autres, comme la rotation, la date de semis ou la variété.