Le tribunal correctionnel du Mans a rendu son délibéré le 31 mars 2022 dans l’affaire mettant en cause neuf activistes animalistes à la suite d’un vol d’agneaux et d’une vingtaine d’infractions. Ces dernières ont été notamment commises sur des exploitations agricoles de l’ouest de la France de décembre 2019 à avril 2021.
Les peines prononcées restent symboliques. La majorité écope d’amendes et de peines de prison avec sursis.
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Prison avec sursis, amende et travail d’intérêt général
Alors qu’il avait déjà été condamné en novembre 2019 et mars 2021, Vincent Aubry se voit infliger une peine de 140 heures de travail d’intérêt général (TIG). Le procureur avait requis, en janvier 2022, à l’encontre du fondateur du collectif « Animal 1st » qu’il estimait « au centre de ce relationnel restreint », 12 mois assortis d’un sursis probatoire de deux ans.
« Reconnaître les faits aurait été comme effectuer un pas vers la justice. J’aurais pu envisager des travaux d’intérêt général, avait alors indiqué le procureur. Mais vous persistez dans l’incohérence et la dissimulation. » La justice ne semble pas l’avoir perçu ainsi. Vincent Aubry devrait par ailleurs s’acquitter de deux amendes de 300 euros.
Alysée Denis, qui s’est notamment introduite, dans la nuit du 27 au 28 août 2020, dans une exploitation de Plonévez-Porzay, dans le Finistère, pour y inscrire sur les murs des silos les inscriptions « Ausch (w) itz n’a jamais fermé », écope de 10 mois de prison avec sursis et de six amendes de 250 euros.
Les autres prévenus ont été condamnés à des peines de prison de 4 à 6 mois de sursis et/ou des amendes allant de 250 à 2 000 euros.
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« Ils vont recommencer »
« J’ai du mal à comprendre, réagit l’éleveur sarthois Étienne Fourmont, victime d’une intrusion sur son exploitation dans la nuit du 31 décembre 2019 au 1er janvier 2020. C’est très léger pour ce qu’ils ont fait. Le plus dérangeant est que leur leader, Vincent Aubry, ne soit condamné qu’à des travaux d’intérêt général au regard de ce qu’il avait fait auparavant. »
« Ça pose question, ajoute-t-il. C’est sûr qu’ils vont recommencer. Quand on les a entendus, quand on les a vus, on sait qu’ils sont plus que déterminés. Cette décision intervient en plus deux jours après l’accident mortel sur une exploitation (voir encadré ci-dessous)… Qu’attend la justice ? Je ne comprends pas. C’est insuffisant. C’est très violent tout ça. »
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« Continuer à porter plainte quand même »
« Évidemment qu’on craint le pire, poursuit Étienne Fourmont. Dans le même temps, même si tout ça ne me plaît pas, je reste convaincu qu’il faut continuer à porter plainte dès lors qu’il y a intrusion sur son exploitation. Notre affaire a pu être médiatisée et a permis de montrer qui ils étaient réellement ces activistes, de se rendre compte notamment de leur lâcheté. Malgré toutes leurs convictions, ils ont quand même nié la grande majorité des faits qui leur étaient reprochés. Et ça, on a pu s’en rendre compte grâce à ce procès. »
« En ménageant les coupables, ce jugement ne dissuade pas la récidive et condamne les agriculteurs et les entreprises alimentaires à exercer leurs activités sous de constantes menaces économiques et psychologiques », a déploré de son côté le groupe de réflexion Les Z’homnivores.
Âgés de 21 à 43 ans, les prévenus avaient comparu, le 28 janvier 2022, devant le tribunal correctionnel du Mans pour « atteinte à l’honneur et la considération, « dégradation et détérioration », ainsi qu’« association de malfaiteurs ». Une vingtaine d’infractions, commises dans la Sarthe, la Mayenne, le Maine-et-Loire, la Loire-Atlantique, le Finistère, les Deux-Sèvres, l’Eure et les Yvelines leur étaient reprochées. Le tribunal correctionnel du Mans se prononcera sur les dommages-intérêts le 15 novembre 2022.