Des agriculteurs polonais ont organisé, mercredi 9 mai, plusieurs blocages routiers en province en menaçant de se diriger vers le Parlement, à Varsovie, s’ils n’obtenaient pas satisfaction. Leur motif de gronde pourrait se résumer en trois lettres : ASF, ou PPA en français.
3 000 éleveurs ciblés
Non seulement les gouvernements successifs semblent tous impuissants à enrayer la propagation de la peste porcine africaine, mais des centaines d’exploitants n’auraient pas reçu les indemnités dues pour l’abattage des bêtes ou la fermeture des élevages. « Dernièrement, plus de 3 000 agriculteurs ont dû jeter l’éponge », affirme Sławomir Izdebski, président de la centrale syndicale agricole OPZZRiOR.
Bien que la Pologne ait pris des mesures de lutte contre la maladie dès l’arrivée en 2014 des premiers sangliers infectés, trois canaux de contamination déjà signalés en 2015 par la Cour des comptes restent insuffisamment bouchés. Le premier est le « non-respect par les propriétaires de cheptels des restrictions liées à la PPA », en raison de la faiblesse des contrôles et du « manque d’inspecteurs vétérinaires ». Un auditeur en agriculture biologique de la région de Lublin (est de la Pologne) confirme, sous condition d’anonymat, connaître des éleveurs qui ont mis en vente de la viande provenant d’animaux qui auraient dû être incinérés.
Une deuxième faille concerne le « contrôle des frontières ». Un banal sandwich au jambon aurait ainsi suffi pour que le virus fasse, en juin 2017, un « bond » vers la République tchèque, pourtant distante de plusieurs centaines de kilomètres des foyers de contamination les plus proches. Enfin, le gouvernement a attendu l’été 2017 pour mobiliser les chasseurs, l’Office des forêts et l’armée dans le but d’abattre les sangliers et de collecter les cadavres, principaux vecteurs de contamination selon l’OPZZRiOR. Mais les opérations se trouvent entravées par les mauvaises relations entre agriculteurs et chasseurs, qui se renvoient la responsabilité.