Après un peu plus de six mois de mission et 200 auditions, Gérard Feldzer, Michel Badré, et la préfète Anne Boquet ont rendu leur rapport à Matignon. Selon ce rapport d’une soixantaine de pages (sans les annexes), un transfert de l’aéroport à Notre-Dame-des-Landes, à une vingtaine de kilomètres au nord, ou son maintien, avec un réaménagement, à Nantes-Atlantique, au sud de Nantes, sont deux options « raisonnablement envisageables ».

Sans trancher, le rapport remet en selle l’éventuel réaménagement de l’actuelle infrastructure, écarté jusqu’alors par les pro-NDDL.

Mais dans ce dossier, « la première nécessité est celle d’une décision de l’État, qui n’a que trop tardé », jugent les médiateurs, qui préconisent l’évacuation de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes dès le choix de l’exécutif sur l’une des deux options. Deux à trois cents personnes occupent le site.

Le gouvernement prendra « d’ici à la fin du mois de janvier une décision » qui « sera claire, sera assumée », a assuré en réponse le Premier ministre. Cette décision « doit nous permettre […] de garantir un retour à la normale, notamment s’agissant des questions relatives à l’ordre public », a-t-il ajouté.

« Pro » comme « anti » en appellent au « courage » du président de la République

L’exécutif devra mobiliser des milliers de gendarmes pour évacuer les zadistes installés sur la vaste zone de bocage où doit se construire l’aéroport. Des zadistes qui se préparent depuis des mois à un affrontement violent avec les forces de l’ordre, et qui peuvent possiblement compter sur des milliers de militants venus en renfort.

Las de l’indécision politique, « pro » comme « anti » en appellent au « courage » du président de la République sur ce projet déclaré d’utilité publique en 2008.

« Sur le fond, je suis extrêmement soulagée, c’est une grande satisfaction intellectuelle car le rapport dit que Nantes-Atlantique est une véritable option et qu’elle n’a pas été étudiée », a déclaré Françoise Verchère, coprésidente d’un collectif d’élus opposés au transfert, le Cédpa, après lecture du rapport qui « fragilise considérablement la déclaration d’utilité publique », selon elle.

Philippe Grosvalet (PS), président du conseil départemental de la Loire-Atlantique et du Syndicat mixte aéroportuaire, estime pour sa part que « même si ce rapport peut laisser apparaître une apparence d’alternative à Notre-Dame-des-Landes, je continue à dire qu’il n’y a pas de plan B, ni en termes de trafic, ni en termes d’aménagement, ni pour les personnes impactées par les nuisances sonores ». « Je fais confiance au président de la République pour ne pas se fier aux apparences », ajoute-t-il.

Durant la campagne présidentielle, le candidat Macron s’était montré plutôt favorable au nouvel aéroport, soutenu par quelque 55 % des habitants de la Loire-Atlantique lors du référendum local de juin 2016.

Étude des coûts

Étudiant en profondeur cette fois-ci les coûts des deux options, pour l’État et les collectivités, la comparaison penche en faveur de l’option de réaménagement de Nantes-Atlantique.

Cela nécessiterait une fermeture de sa piste pendant neuf semaines environ pour la réalisation des travaux, dont le montant total – rénovation de l’aérogare comprise – est estimé « entre 365 et 460 millions » d’euros. Soit nettement moins que le chiffrage annoncé jusqu’ici par la Direction générale de l’aviation civile (DGAC) en 2013 (825 millions), mais bien plus que celui avancé par les opposants au déménagement (175 millions d’euros).

Mais ces données ne prennent pas en compte l’éventuelle indemnité de résiliation du contrat de concession actuel entre l’État et une filiale du groupe de BTP Vinci. Jamais chiffrée par l’État et le concessionnaire, elle est évaluée à une somme comprise entre 150 et 200 millions d’euros par les opposants.

Le transfert à Notre-Dame-des-Landes est lui évalué à 730 millions d’euros, dont 160 pour la desserte en tram-train.

Travaillant sur la base d’un trafic de neuf millions de passagers à l’horizon de 2040, la mission préconise dans son rapport, « dans l’hypothèse où le choix gouvernemental conduirait à un réaménagement de Nantes-Atlantique répondant aux besoins de mobilité de court et moyen terme », de « garder la maîtrise foncière des terrains acquis sur le site de Notre-Dame-des-Landes » pour laisser « la liberté de choix […] à nos successeurs ».

AFP