Les comptes prévisionnels de l’agriculture pour 2018, publiés par l’Insee, montrent une progression, pour la branche agricole (1), de 6,7 % de la valeur ajoutée brute comprenant les subventions (2) par actif non salarié.

Le revenu par actif non salarié (3) pour la branche agricole (2) serait en hausse de 18,3 % par rapport à 2017. Cet indicateur donne une estimation du solde disponible pour la rémunération du travail des exploitants et pour le financement des investissements. Le nombre des actifs non salariés est toujours en baisse : –1 % par rapport à 2017.

Les données de l’Insee sont prévisionnelles. Elles ne sont pas établies à partir des comptabilités des exploitations mais sur la base des informations de volume de production et de marché disponibles au 1er novembre de chaque année. C’est une approche macroéconomique du résultat de la branche agricole (1) qui permet de dégager une tendance et il faut la prendre comme telle. Ces chiffres pourront faire l’objet de réajustement lors de la publication des comptes provisoires en juillet 2019 et des comptes définitifs à la fin de 2019.

Hausse de production pour le végétal

La valeur de la production agricole progresse de 4,7 % et retrouve les niveaux antérieurs à la forte baisse de 2016. Pour les productions végétales, la valeur produite progresse de 8,9 %, portée par une forte augmentation des volumes de vin (+28,5 %) et un redressement des prix (+17,6 % en céréales, +9,7 % en légumes, +45 % en pommes de terre).

La situation en élevage est plus contrastée. La valeur des productions animales diminue de 1,2 %. Les volumes produits sont stables, alors que les prix diminuent de 1,2 %. En cause, la forte chute du prix du porc (–12,4 % par rapport à 2017). Le prix du lait se stabilise et celui des œufs baisse de 4,4 % après une forte hausse en 2017.

Les charges à nouveau en hausse

Les charges (engrais, produits phyto, carburant…) sont en hausse de 1,7 %, après quatre années de baisse. La facture énergétique s’alourdit de 13,3 %, en particulier du fait de la hausse des produits pétroliers : +21,4 % pour le gazole non routier, +16,5 % pour le gazole routier et +6,8 % pour le gaz naturel. Les dépenses en engrais progressent de 5 % en valeur, principalement du fait d’une hausse des volumes, les prix restant stables.

Le niveau des subventions baisserait de 2,6 %, estime l’Insee, en grande partie du fait de la diminution des aides du premier pilier et, dans une moindre mesure, de la baisse des aides de crise liées à la grippe aviaire.

L’assemblée permanente des chambres d’agriculture (APCA) explique ce redressement du revenu par un « coup de frein » sur les charges et un « ralentissement de l’investissement ». L’institution craint que l’essentiel des impacts négatifs de la sécheresse se manifeste en 2019.

Marie Salset

(1) La branche agricole comprend l’ensemble des exploitations agricoles (de grandes à très petites), ETA, Cuma et lycées agricoles.

(2) Valeur ajoutée brute au coût des facteurs : production + subventions – impôts fonciers et autres impôts sur la production – consommations intermédiaires.

(3) Le revenu agricole tel qu’il est calculé ici correspond à : valeur ajoutée brute au coût des facteurs (1) – consommation de capital fixe (qui correspond aux amortissements en comptabilité privée) – rémunération des salariés – intérêts – charges locatives.