Désignés comme un « des détails » qui a conduit Nicolas Hulot à démissionner ce matin en direct sur France Inter, Willy Schraen, le président de la Fédération nationale des chasseurs, et Thierry Coste, son conseiller politique, ont voulu donner leur version des faits. Dans leurs locaux à Issy-les-Moulineaux, ils ont organisé ce mardi après midi une conférence de presse pour rappeler qu’ils n’ont eu aucun problème avec Nicolas Hulot après sa nomination.
En phase sur le glyphosate et les néonicotinoïdes
« La Fédération nationale des chasseurs, rappelle Thierry Coste, a toujours soutenu le gouvernement et Monsieur Hulot, en particulier sur les dossiers du glyphosate et des néonicotinoïdes. » Hier matin, Willy Schraen et Thierry Coste se sont d’ailleurs entretenus de manière cordiale avec Sébastien Lecornu. « Les chasseurs, estime Thierry Coste, sont un mauvais prétexte pour cette démission. »
En revanche, peu de commentaires sur les propos échangés avec Nicolas Hulot à l’Élysée. « Les échanges ont tous été très courtois, estime Thierry Coste auquel le ministre de la Transition écologique aurait dit « frontalement » qu’il n’avait rien à faire à cette réunion. Il n’y a qu’un sujet qui a fait l’objet d’une discussion animée, mais courtoise, ce sont les chasses traditionnelles. »
Au-delà de la qualité de leurs échanges avec les écologistes, les représentants des chasseurs soulignent que les véritables difficultés viennent de leur relation avec les agriculteurs. « On a un fort conflit avec le monde agricole, déclare Thierry Coste. Ce sont 55 millions d’euros des chasseurs, qui vont chaque année dans les poches des paysans. » À une certaine époque, les chasseurs auraient voulu être rattachés au ministère de l’Agriculture, mais ce temps est révolu. « On a bien fait de rester au sein du ministère de l’Écologie », se félicite le conseiller.
Un conflit instrumentalisé
Ce conflit, selon la fédération des chasseurs, serait même actuellement utilisé à des fins politiques. « Le monde agricole est en campagne pour les chambres d’agricultures, estime Thierry Coste, et prend les chasseurs comme têtes de Turcs parce qu’on provoque trop de dégâts avec les sangliers ». Willy Schraen partage cette impression : « On est dans des élections, on tape sur les chasseurs, c’est de bonne guerre. »
Pour le président des chasseurs, il est cependant temps de reconstruire la relation avec les agriculteurs. « Ils nous reprochent les sangliers, on leur reproche les néonicotinoïdes, il faut passer à autre chose. » Et c’est bien une médiation que les chasseurs ont plaidée auprès du président [de la République] et de l’ex-ministre de la Transition écologique. « On a demandé, explique Willy Schraen, qu’une mission parlementaire soit lancée rapidement sur les dégâts agricoles des sangliers. » Aucune rencontre n’est prévue entre les chasseurs et les agriculteurs actuellement. « Je comprends l’urgence économique que représente le grand gibier dans certains points noirs, conclut Willy Schraen, mais il faut relativiser. »