Le 27 avril 2022, le Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux (CGAAER), missionné par le ministère de l’Agriculture, a publié les résultats d’une étude menée par AgroParisTech et l’Inrae sur les performances agronomiques et environnementales de la méthanisation agricole dans un contexte de grandes cultures céréalières (sans élevage).

 

Si la méthanisation agricole se développe de plus en plus en France, celle-ci est fréquemment associée à l’élevage, dont elle valorise les effluents. S’appuyant sur la production de cultures intermédiaires à vocation énergétique (CIVE) pour alimenter les méthaniseurs, la méthanisation agricole sans élevage se développe également, en particulier en Île-de-France.

 

Divisée en 5 phases, l’objectif de cette étude était de donner des premiers éléments de réponse sur les performances agronomiques et environnementales des systèmes de culture associés aux méthaniseurs sans effluents d’élevage, dans le contexte francilien.

 

Partant de ces résultats, le but était de déterminer les conditions d’un développement vertueux de la méthanisation agricole dans l’Île-de-France et de présenter une liste de recommandations sur le développement de la méthanisation sans élevage et sur l’usage des digestats.

11 méthaniseurs agricoles sans élevage étudiés

Une enquête ainsi que des prélèvements de digestat de méthaniseur ont donc été menés auprès de 22 agriculteurs impliqués dans 11 méthaniseurs agricoles sans élevage en fonctionnement au premier trimestre de 2021 et situés dans la Région Île-de-France.

 

L’intérêt était de réaliser un état des lieux détaillé des pratiques agricoles concernant la conduite des systèmes de culture en lien avec la méthanisation agricole et l’épandage de digestat et de recueillir des informations utiles sur le fonctionnement et l’approvisionnement du méthaniseur.

 

Selon l’étude, toutes ces informations « donnent un éclairage nouveau et absolument crucial sur la réalité du terrain […] et seront très utiles aux agriculteurs, pour pouvoir tenir compte des spécificités des digestats dans leur stratégie de fertilisation ».

 

Impact favorable de la méthanisation sur le bilan énergétique et les émissions de GES

L’ensemble des données collectées ont ensuite permis de construire plusieurs scénarios et de les tester par modélisation à l’échelle de la parcelle et de l’exploitation agricole. Les modèles obtenus ont ainsi permis d’évaluer les impacts agronomiques et environnementaux de la mise en place de la méthanisation agricole sur les systèmes de culture, et plus globalement de la méthanisation sur le système global (calcul d’indicateurs d’impact).

 

À l’échelle de la parcelle, la modélisation a mis en évidence un ensemble d’effets plutôt favorables tels que l’augmentation de la production totale de biomasse, le stockage de carbone ou les économies d’engrais de synthèse.

 

Cependant, elle a également mis en avant des effets plutôt défavorables comme la volatilisation ammoniacale, la pression accrue sur la ressource en eau ou la réduction de la production de biomasse non dédiée à la méthanisation ainsi que des effets incertains (pression phytosanitaire) ou neutres (lixiviation de nitrates).

 

À l’échelle de l’exploitation, la modélisation a mis en évidence un impact favorable de la méthanisation sur le bilan énergétique et les émissions de GES (gaz à effet de serre), sur l’utilisation d’engrais de synthèse ainsi que sur la pression phytosanitaire (avec un assolement optimisé). À l’inverse, les bilans nourriciers et la volatilisation ammoniacale ont été impactés négativement.

 

Élaboration d’un guide sur les bonnes pratiques agricoles

La méthanisation agricole sans élevage pose donc des problématiques agronomiques et environnementales spécifiques. En s’appuyant sur les résultats de l’étude, les chercheurs ont élaboré un guide des préconisations de suivi et de recommandations d’usage sur :

  • La stratégie d’alimentation du méthaniseur ;
  • La conduite des CIVE en termes de fertilisation, de protection phytosanitaire, de semis et de récolte ou d’irrigation ;
  • La gestion du digestat de méthanisation (stockage et épandage notamment).