« Ce plan de relance arrive à point nommé parce qu’il oblige chaque filière à se reposer la question de sa stratégie à cinq ans. Il oblige tout le monde à lever la tête pour se sortir de l’urgence et à s’interroger sur l’accompagnement qu’il veut obtenir de l’État sur ce chemin », estime Arnaud Rousseau, le président de la Fédération des producteurs (Fop) et du groupe Avril.
« Une excellente nouvelle »
« Inclus dans le plan de relance, le plan protéines est une excellente nouvelle : l’Europe prend au sérieux la question de la souveraineté alimentaire sans se contenter du repli sur soi, poursuit-il. La vision stratégique de l’Europe et de la France est celle de sa place et de son rôle dans le monde. Je crois qu’on peut redonner une dynamique à cette occasion. »
Le 16 octobre 2020 à Paris, Arnaud Rousseau était invité par le réseau AgirAgri à exposer sa vision de l’agriculture après la première crise du Covid-19. Pour lui, la question de la souveraineté alimentaire, posée durant le confinement, a trouvé une réponse claire dans le plan de relance annoncé par le Premier ministre le 3 septembre 2020.
Bien qu’il soit transversal, il comprend un budget spécifique de 1,2 milliard d’euros pour certaines filières agricoles. Cent millions d’euros sont destinés à la relance de la production locale de protéines végétales. Les premiers appels d’offres devraient être lancés en janvier 2021 et les premiers financements tomber en mars 2021 uniquement sous forme de subventions.
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Explorer les protéines pour l’alimentation humaine
« Nous devons être réalistes. Même avec ce plan, nous continuerons à importer de la protéine végétale », explique Arnaud Rousseau. Il se fixe deux objectifs : réduire de dix points en dix ans la dépendance de la France aux protéines étrangères (actuellement, la France produit 52 % de ses protéines végétales utilisées en alimentation animale) et répondre à la demande émergente en protéines végétales pour l’alimentation humaine. En clair, les substituts de viande. « Un marché s’ouvre. Nous devons nous en emparer sinon d’autres le feront », assène Arnaud Rousseau.
Sans présumer des décisions à venir, Arnaud Rousseau prévient : « Ce n’est pas en saupoudrant de la subvention à l’hectare qu’on rendra efficace ce plan protéines. Ma conviction est qu’il est nécessaire d’investir massivement dans la recherche et le développement pour toute la filière. Pour cela, deux priorités doivent guider nos choix : l’amélioration de la productivité et l’adaptation au changement climatique. »