La récolte de betteraves est attendue cette année à un peu moins de 27 millions de tonnes, soit en retrait de 30 % par rapport à la moyenne quinquennale. Cette baisse s’explique en partie par le recul des surfaces (421 000 ha en 2020 contre 445 000 ha en 2019). Mais pas seulement.
Des rendements à 65 tonnes par hectare
Elle est surtout due aux rendements « historiquement bas », estimés « au maximum à 65 t/ha », explique Pierre Rayé, directeur général de la CGB, le syndicat professionnel des betteraviers en France, lors d’une conférence le 1er décembre 2020. « C’est l’une des plus mauvaises récoltes depuis 30 ans », ajoute-t-il.
Cette année a été « beaucoup plus catastrophique qu’imaginée », en raison de la crise de la jaunisse, causée une invasion « sans précédent » de pucerons vecteurs de la virose, juge Franck Sander, le président de la CGB.
Le syndicat chiffre les pertes à 280 millions d’euros pour ce qui relève « uniquement des pertes de rendement ». À l’échelle de la filière, la perte de valeur ajoutée est estimée entre 600 et 700 millions d’euros.
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Plan de soutien
« Les champs ont vite commencé à jaunir. La CGB a organisé en région des visites sur le terrain, et Julien Denormandie, tout juste nommé ministre de l’agriculture, s’est déplacé dans un champ où il a pris l’enjeu et la mesure du problème », raconte Franck Sander.
Julien Denormandie annonçait le 6 août un plan de soutien à la filière, comprenant un projet de loi autorisant par dérogation l’utilisation des néonicotinoïdes en enrobage de semences pour la betterave sucrière.
Sous réserve de validation, le projet de loi devrait être promulgué vers la mi-décembre et les textes d’application publiés dans la foulée. « Un arrêté de dérogation est attendu au plus vite par les planteurs pour conforter la possibilité de protéger leurs betteraves avec des clarifications sur les conditions d’usage », précise Franck Sander.
Une perte moyenne de 700 euros par hectare
Pour la CGB, il faut répondre « à l’urgence des trésoreries en grandes difficultés ». Les producteurs ont perdu en moyenne 700 €/ha. Les indemnisations prévues par le plan de soutien gouvernemental rentrent dans le cadre du dispositif « de minimis », qui impose un plafond de 20 000 € tous les trois ans.
Cette contrainte est jugée « incompatible au regard de la gravité du sinistre subi cette année ». « À ce stade, aucun agriculteur ne replantera dans les régions touchées sans garanties, alerte Pierre Rayé. Le volet de l’indemnisation doit compenser une partie des pertes pour qu’ils se réengagent dans la filière. »
Tendances de marché haussières
Crise du Covid, confinement, dévaluation du réal brésilien ou encore Brexit ont agité les marchés cette année, tant sur le segment du sucre que de l’éthanol ou de l’alcool pour solutions hydroalcooliques. Le syndicat note cependant de « bonnes perspectives de marché ».
« Les voyants sont au vert, pour Franck Sander. Sur le marché du sucre, le pire est derrière nous. Après deux années de prix de betteraves en berne, au regard de la situation du marché du sucre qui dépasse les 400 €/t, des prix des pulpes et du dynamisme de la consommation d’alcool et d’éthanol carburant, les éléments sont réunis pour un rebond des prix de betteraves, avec un retour au-dessus des 24 €/t. »