« Cette année, le disponible à l’exportation de blé tendre français s’annonce plutôt faible au vu de la production », annonce Nathan Cordier, responsable des analyses au sein du cabinet Agritel.
Le cabinet table sur l’exportation de 13,2 Mt (millions de tonnes) de blé tendre, contre 21,4 Mt en 2019-2020. Ces volumes sont ainsi répartis : 6,3 Mt vers les pays tiers, 6,7 Mt vers les pays intracommunautaires et 200 000 tonnes vers les Dom et sous forme de farine. « La France est tout à fait en mesure de réaliser ces objectifs, notamment grâce à la demande chinoise, même si on observe une concurrence assez importante de la part du nord de l’Europe sur la première partie de la campagne », assure Nathan Cordier.
« Pour les exportations vers les pays tiers, il s’agit de la plus petite campagne depuis 2016-2017. Nous sommes bien loin de ce que l’on a connu l’an dernier, qui était vraiment une année record à 13,5 Mt », précise l’analyste, avant de détailler les destinations.
Manque de compétitivité
Il note que la Chine se montre « assez agressive sur les achats de blés français depuis un an », à la suite de conflits commerciaux avec les États-Unis, le Canada et l’Australie. « Les chinois reviennent aux achats cette année et sont très présents sur le début de la campagne. Nous pourrions y exporter 1,15 Mt. »
Selon Agritel, la France pourra également compter sur ses clients historiques. En revanche, « il y a de grosses questions sur la demande en Algérie, avec un début de campagne plutôt timide ». Pour l’heure, la céréale française n’est pas compétitive sur cette destination, contrairement aux origines baltes, polonaises, suédoises, et allemandes. Agritel table sur un volume exporté de 2,6 Mt pour la campagne en cours.
Pas d’exportation vers l’Égypte
Même son de cloche pour le Maroc, qui se tourne vers des fournisseurs moins cher que la France en ce début de campagne. Toutefois, « la demande chinoise permet de compenser la contre-performance sur l’Algérie et le Maroc », indique Nathan Cordier. Agritel prévoit également un regain de compétitivité sur la deuxième partie de campagne et estime que la France pourrait exporter 1,1 Mt vers cette destination.
L’Afrique subsaharienne, client historique, devrait acheter 1,1 Mt de blé français. Enfin, après une grosse campagne l’année dernière, l’Égypte devrait, selon Agritel, disparaître des clients en 2020-2021. « Au vu des disponibilités à l’export, on estime que la France n’a pas besoin d’être compétitive sur cette destination. La Russie devrait garder la mainmise sur le pays, avec l’Ukraine en concurrence ».
Concurrence des pays baltes
« Nous estimons que la France pourrait exporter 6,7 Mt vers les pays de l’Union européenne, contre une moyenne de 7,18 Mt sur les dix dernières campagnes. On peut attendre une demande un peu moins importante que d’habitude sur l’Espagne, qui a eu une grosse récolte cette année, à 7 Mt. À titre d’exemple, nous travaillons avec un chiffre de 850 000 tonnes de blé, contre plus de 1,4 Mt l’année dernière », déclare Nathan Cordier.
Les exportations vers le Nord communautaire (Belgique et Pays Bas) devraient « difficilement dépasser 3,9 Mt ». « On s’attend à une grosse concurrence de la part des trois pays baltes, qui devraient disposer de plus de 7,5 Mt exportables, grâce à une récolte record », annonce Nathan Cordier. Autre concurrence à surveiller pour les prochains mois sur les blés fourragers : celle du maïs ukrainien qui peut se substituer au blé en alimentation animale.