Le professeur Gilles-Eric Séralini, auteur d’une étude controversée sur les effets d’un OGM et du pesticide Roundup sur des rats, a publié une nouvelle étude, avec Gérald Jungers, intitulée « Composés toxiques dans les herbicides sans glyphosate ». Parue dans la revue Food and Chemical Toxicology, cette publication est la synthèse de l’analyse de 14 produits commercialisés en Europe où le glyphosate a été remplacé par des composés supposés moins toxiques.

Des produits toxiques non déclarés

Il affirme avoir détecté la présence de métaux lourds « jusqu’à plusieurs centaines de fois les niveaux admissibles dans l’eau », ainsi que, dans 12 échantillons sur les 14, des hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), dont certains sont classés cancérigènes par le Circ (Centre international de recherche sur le cancer).

 

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L’étude conclut que ces composés toxiques peuvent avoir des effets interactifs potentiels dans l’environnement ou les organismes vivants, où ils sont connus pour se bioaccumuler. « Ils peuvent même être toxiques par eux-mêmes. En effet, la formulation complète est employée sur le terrain, et pas seulement le principe actif déclaré qui, à ce jour, est étudié seul à des fins de toxicité à long terme. Les travaux futurs sur la toxicité des pesticides pour les évaluations réglementaires devraient inclure l’étude des formulations commerciales complètes, y compris les ingrédients déclarés et non déclarés », préconise la publication.

L’homologation des produits contestée

Des syndicats et ONG, dont la Confédération paysanne et Générations futures ont dénoncé le 9 novembre 2020 ces « substances toxiques présentes n’étant pas déclarées sur les étiquettes des produits concernés ». Ils remettent en cause « la légalité de l’évaluation des pesticides analysés » et leurs autorisations de mise sur le marché.

 

« La publication du Pr Séralini interroge donc une fois de plus sur la façon dont les pesticides sont évalués et autorisés en Europe et en France, indiquent-ils dans un communiqué commun. Un arrêt de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) du 1er octobre 2019 indique pourtant que les industriels ont la charge de prouver l’innocuité de leurs produits, que l’ensemble des principes actifs doivent être déclarés et analysés tant pour leur effet isolé que pour leurs effets mélangés entre eux. »

 

Les associations signataires ont indiqué leur volonté de se tourner vers leurs conseils pour évaluer plus précisément la situation et décider ensuite des éventuelles actions juridiques à lancer.

 

Une position qui a suscité quelques réactions parmi la profession agricole.