Régulation des ragondins et des sangliers, maintien de milieu aquatiques et forestiers, contrôles sanitaires, lutte contre les plantes invasives, participation aux actions scientifiques… Les chasseurs mènent de nombreuses actions en faveur de la biodiversité ordinaire, et ils s’apprêtent à le faire savoir au travers d’une campagne de communication conséquente.

Prendre la lumière

Parmi les différents messages de cette campagne, ils s’autodécernent le titre de premiers écologistes de France. Pour Guy Harlé d’Ophove, président de la fédération départementale des chasseurs de l’Oise, il n’est pas question de provocation, mais d’interpellation.

« Nous avons un véritable effet sur la biodiversité et nous voulons le prouver, souligne-t-il. Quand vous provoquez, il n’y a pas de fond de vérité. Or les éléments de cette campagne sont basés sur des faits : nous prouvons nos actions concrètes en matière d’écologie de terrain. »

Fatigués de subir les caricatures, les chasseurs souhaitent donc transmettre une nouvelle vision de la relation entre les chasseurs et la nature. « L’image de la Galinette cendrée, on en marre », dénonce M. Harlé d’Ophove.

Après des années de discrétion, et particulièrement en milieu urbain, les chasseurs feront donc porter leur voix le plus loin possible. « On veut reconquérir notre place dans la société, une place que nous n’aurions pas dû abandonner. »

Maxi-effet, petit budget

Dès mardi, une série de panneaux seront donc affichés dans les transports publics à Lille, Marseille, Toulouse, Lyon, Bordeaux et Paris.

Du côté de la radio, une série de dix clips audio, « La Minute Nature », a été envoyée à plusieurs centaines de stations. En soixante secondes, Willy Schraen, le président des chasseurs, mais également des chercheurs, un président de fondation, et d’autres membres de la fédération décrivent comment les chasseurs agissent pour la biodiversité. Un court-métrage est également disponible sur internet.

S’ils n’ont pas ménagé leurs efforts, les chasseurs ont été raisonnables dans leurs dépenses. « En évitant la télévision et en serrant les prix, explique Julie Miquel, coordinatrice du pôle de la communication de la fédération, le budget n’a pas dépassé les 150 000 €. » Cette action interviendra au lendemain de la rencontre entre les chasseurs et le président de la République.

Appâter les néochasseurs

« Il y a moins d’agriculteurs-chasseurs qu’avant, constate le président des chasseurs de l’Oise, et, assez paradoxalement, les urbains reviennent à la chasse. ». Les chasseurs seraient aujourd’hui 1,2 million par rapport à 2 millions environ il y a dix ans. Actuellement, les demandes de permis semblent cependant en augmentation. Et, dans certains départements, les opérations de permis à 0 € permettent de solidifier cette tendance.

« Il y a un besoin de retour aux sources », rappelle Guy Harlé d’Ophove. La fête de la nature et de la chasse, organisée par la fédération de l’Oise à Compiègne le week-end prochain, devrait permettre de mesurer à nouveau cet engouement.

Si la campagne des chasseurs s’adresse à leurs détracteurs, elle espère donc également à convaincre ceux qui, assis sur leurs strapontins dans les bus et les métros bondés, pourraient être sensibles à l’appel de la forêt.

Ivan Logvenoff