« Ici, tu mûris. C’est une formation en accéléré. » Hugo Merienne, 32 ans, est l’un des porteurs de projet accompagnés par l’Essor maraîcher, un espace-test bio basé à Gaillac, dans le Tarn. « Notre espace-test est l’un des premiers à avoir vu le jour en France, il y a presque 11 ans », détaille Claudette Formentin, responsable de la structure. Celle-ci a progressivement grandi. « Au fil du temps, en plus des terres et des serres, nous avons décidé de nous équiper en matériel », reprend-elle. Dans ce domaine, des partenariats ont été noués avec des agriculteurs locaux pour des prêts d’outils et des achats communs.

Autre évolution : le travail en archipel. Si quatre ou cinq porteurs de projet sont toujours reçus sur le site, de six à huit autres sont accueillis chez des agriculteurs. Ce qui a permis d’étendre la gamme des productions (élevage, viticulture, grande culture, myciculture) en « ne laissant personne sur le carreau ». La structure aide aussi à chercher du foncier et des débouchés. « Ce lieu est génial, parce que tu prends peu de risques et tu définis petit à petit ton projet d’installation », se félicite Hugo Merienne.

Un marché bio presque saturé ?

L’Essor maraîcher doit toutefois faire face à de nouveaux enjeux. D’abord, l’affaissement national des ventes en bio. Sandrine Miot, une des porteuses de projet de la première heure, admet : « On a une baisse de 20 à 30 % par rapport à l’avant-Covid. » Le tout dans un marché local où « il est difficile de trouver des débouchés en vente directe ». Une vingtaine de sortants de L’Essor se sont installés ces dix dernières années… sans compter tous les autres. « Avec les projets alimentaires territoriaux, les besoins vont augmenter », anticipe Claudette Formentin.

Certes, mais « c’est pour des gens qui produisent quelques légumes, de façon plus mécanisée, à des coûts de production plus bas, bref du demi-gros. Ce n’est pas ce que recherchent les nouveaux installés », témoigne Sandrine Miot. Confirmation à l’Essor maraîcher : « Pour le moment, ce genre de profil ne frappe pas à notre porte. » Mais une réponse semble se dessiner avec l’association OPLA (Ô Petits Légumes d’Autan). Ce groupement de producteurs tarnais prend de l’ampleur et réfléchit à la meilleure manière de trouver, en commun, de nouveaux débouchés, notamment les cantines scolaires.