Masanori Hiramoto n’a pas pris la peine d’ôter ses chaussures comme le veut la coutume japonaise pour rentrer dans sa maison, dévastée par les précipitations torrentielles qui ont fait une centaine de morts dans l’archipel nippon.
De retour dans son habitation traditionnelle du village bucolique de Mihara, dans la préfecture de Hiroshima, ce cultivateur de riz de 68 ans est sous le choc des dégâts engendrés par la violence des eaux en son absence. Au rez-de-chaussée de son domicile, les débris et la boue forment une pâte informe. Des pans de murs ont été arrachés.
« J’ai vécu ici toute ma vie. Je n’ai jamais vu ça avant », confie-t-il abattu, à propos de cette habitation où sa femme et lui ont élevé leurs trois filles, désormais adultes. Masanori Hiramoto fait partie de la soixantaine de résidents évacués de Mihara qui ont pu y revenir dimanche, deux jours après en être partis à la demande des autorités.
« J’ignore où est quoi »
À Mihara, bourg au milieu des montagnes, les constructions sont surélevées au-dessus du sol. Mais la montée des eaux a tout englouti, maisons aussi bien que champs de riz.
À l’intérieur du logis de l’exploitant, l’inondation a renversé le frigo. L’eau s’est élevée bien au-dessus du niveau de la tête, comme en attestent les marques. « Je ne sais pas par où commencer le nettoyage. Je ne sais pas où est quoi », lâche-t-il, toujours vêtu du bermuda taché de boue qu’il portait lorsqu’il a fui précipitamment.
Au moins 77 000 euros de pertes
L’équipement agricole de Masanori Hiramoto, dont un tracteur, une moissonneuse et un séchoir de riz industriel, a subi d’importants dommages. L’homme n’a même pas le cœur à vérifier s’ils marchent, estimant à vue d’œil ses pertes à près de 10 millions de yens (77 000 euros). Inspectant la scène du désastre, il semble déboussolé, ne sachant par quel angle s’attaquer à sa montagne de problèmes.
« Je vais peut-être nettoyer quand le temps s’améliorera. Mais j’ai besoin d’eau », dit-il. « Il n’y a pas d’eau courante. Sans eau, je ne peux pas enlever la boue de ma maison. »
Une situation « anormale »
Les précipitations exceptionnelles de ces derniers jours au Japon ont fait au moins 100 morts, selon le dernier bilan encore provisoire du gouvernement. « C’est une situation anormale », a insisté un responsable de l’agence météorologique, Yasushi Kajiwara, lors d’un point de presse. Les précipitations entre vendredi et dimanche ont atteint des records en 93 points d’observation dans 14 préfectures. Jusqu’à 5 millions de personnes ont au total été priées d’évacuer, mais ces ordres n’ont pas de caractère contraignant et, parfois, quand l’eau montait très vite, il pouvait être plus risqué de tenter de sortir que de se réfugier sur son toit.