En 2017, le vignoble français devrait récolter entre 37 et 38,2 millions d’hectolitres, selon les estimations établies au 17 juillet par le service de la statistique et de la prospective (SSP) du ministère de l’Agriculture et publiées ce vendredi. Soit une récolte en baisse de 17 % par rapport à 2016 et 16 % comparé à la moyenne quinquennale. « Historiquement basse », la récolte s’annonce « inférieure à celle de 1991, concernée elle aussi par un gel sévère », précise le rapport d’expertise.

Des bassins touchés par le gel au printemps, le Jura affiche la plus forte baisse de récolte : –57 % (à 41 000 hl). Touché dans son intégralité, le vignoble bordelais encaisserait un recul de 51 % (à 3,3 millions d’hectolitre), tandis que les vignobles alsaciens et charentais verraient leur potentiel de production amputé de 30 % (respectivement à 860 000 et 5,4 millions d’hectolitres).

« En Champagne, le gel de printemps serait moins destructeur que celui de l’an passé », précise le SSP, avec des estimations en hausse de 8 % (à 2,2 millions d’hectolitres, mais en baisse de 9 % par rapport à la moyenne quinquennale).

Dégâts hétérogènes

Touché à des degrés très divers, le reste du vignoble présente un patchwork de situations. Atteint à Chablis par le gel et dans le Beaujolais par la grêle, le vignoble bourguignon apparaît relativement épargné, avec une hausse de 14 % (à 2,4 millions d’hectolitres).

Dans le Val de Loire, les estimations de production s’élèvent quant à elles à 2,3 millions d’hectolitres (+7 %). Les gelées ont été plus marquées dans le Sud-Ouest et sur le bassin méditerranéen. Avec des pertes globales de 18 % pour le Sud-Ouest (à 3,3 millions d’hectolitres).

Compte tenu de l’impact de la coulure sur le grenache, les rendements s’annoncent affaiblis dans le Languedoc(Roussillon (–6 % à 11,6 millions d’hectolitres) et dans le Sud-Est (–10 % à 5,2 millions d’hectolitres). En Corse, les prévisions sont de 350 000 hl, il s’agit du seul bassin viticole à afficher une production stable.

« Estimations fragiles »

Jugeant ces prévisions trop précoces et pas suffisamment étayées, les élus du vignoble n’hésitent pas à critiquer cet exercice de prévisions. Prenant ses précautions, le SSP précise que « ces estimations sont fragiles et susceptibles d’être révisées, au regard de la grande hétérogénéité des situations au sein de chacun des bassins de production ».

D’autant plus que si la pression cryptogamique est globalement faible, la baisse des réserves hydriques est menaçante dans de nombreux vignobles. Le SSP évoque ainsi les préoccupations de sécheresse en Alsace, en Bourgogne, en Champagne, en Corse, dans le Languedoc, dans le Sud-Est…

Alexandre Abellan (Vitisphère-La Vigne)