En mettant en relation des producteurs et l’Esat Catagri (Établissement de service d’aide par le travail), et en proposant à la location une ancienne boucherie, la commune de Saint-Privé (Yonne) a rendu possible l’ouverture d’une épicerie en septembre 2014 : le magasin « Saveurs de Puisaye ». Outre les produits fournis par les agriculteurs partenaires (fromages, yaourts, farines, confitures, miel, canards, viande…), le magasin propose une épicerie traditionnelle, en évitant les « doublons ». Il n’y a, par exemple, qu’un type de confitures, celles des agriculteurs.

Produits en dépôt

Les producteurs, dont les visages ornent les affiches disposées dans le magasin, ne tiennent aucune permanence. C’est l’équipe de l’Esat qui gère l’épicerie au quotidien. « Notre premier objectif est d’insérer les adultes handicapés pour qu’ils se sentent utiles à la société », explique Céline Westerloppe, monitrice d’atelier à l’Esat. C’est elle qui s’occupe de la gestion des stocks, passe les commandes et appelle les producteurs locaux.

À l’exception de la viande (bœuf, veau, porc), livrée sur commande deux à trois fois par mois par les éleveurs, tous les produits des agriculteurs sont en dépôt. Ils en restent propriétaires tant qu’ils ne sont pas vendus. Une commission de 10 % sur le prix hors taxe est retenue sur les ventes et la facturation est établie toutes les trois semaines. Les contrats d’approvisionnement d’un an sont renouvelés par tacite reconduction. « Le plus dur est de trouver un maraîcher », témoigne Céline. Les professionnels du secteur travaillent déjà en Amap et n’ont pas assez de légumes pour le magasin, qui doit se contenter de pommes de terre et de plantes aromatiques. Après trois années de fonctionnement, agriculteurs, Esat et commune tirent toutefois un bilan très positif de ce partenariat novateur. « Grâce à l’Esat, souligne Éric Boulet, l’un des éleveurs engagés, nous bénéficions d’équipements aux normes tels que deux chambres froides où nous stockons nos caissettes de viande après abattage et découpe. Au lieu de venir chercher leur colis à la ferme, mes clients viennent au magasin. Ce qui est bon pour la fréquentation de la petite épicerie. » L’éleveur commercialise chaque année, en caissettes de 5 ou 10 kg, une quinzaine de génisses et de jeunes vaches limousines. Il verse à l’Esat environ 150 € par bête commercialisée au magasin. L’épicerie de Saint-Privé a aussi permis d’accroître la notoriété des producteurs. Ce qui aide certains d’entre eux à développer d’autres débouchés.

Anne Bréhier