Comment se passer du glyphosate en agriculture de conservation ? Cette question, très sensible dans le contexte actuel, est un défi pour les aficionados du sans-labour. Lors du Festival du sans-labour, le 11 septembre 2019 au lycée agricole de Vendôme (Loir-et-Cher), ils étaient plus de 200, agriculteurs et étudiants, dans une salle bondée, à écouter les pistes d’Arvalis.
Rotation et couverts permanents
Selon Jérôme Labreuche, responsable du travail du sol et des intercultures à Arvalis, il ne faut pas attendre d’autres homologations d’herbicide dans la lutte contre les graminées. Les pistes alternatives se situent plutôt du côté agronomique. Devant un public acquis au non-labour, le chercheur a rappelé l’importance du travail du sol dans la lutte contre les adventices, une des premières substitutions à l’herbicide.
Il a mis en exergue l’importance de la rotation et des couverts végétaux. « Dans le choix du couvert, les crucifères poussent vite et couvrent bien le sol, tandis que les graminées, comme l’avoine et le seigle, sont très compliquées à détruire sans glyphosate. À partir de 3 tonnes de matière sèche par hectare (MS/ha) de biomasse, les couverts commencent à nettoyer le sol des adventices. À 5-6 t MS/ha, ils sont très efficaces. Mais pour arriver à cette quantité de matière, il faudrait pouvoir les fertiliser. Aujourd’hui, la fertilisation azotée est très encadrée. »
L’impasse des graminées
D’autres pistes sont testées à Boigneville (Essonne) depuis une dizaine d’années : roulage des couverts lors de période de gel, rouleaux Faca, broyage, semis direct à la volée avant ou pendant la moisson, ou couverts permanents, comme le trèfle blanc, implanté pour plusieurs années. « C’est une piste très intéressante contre les repousses de colza », ajoute Jérôme Labreuche.
Mais l’institut se heurte régulièrement à la gestion des graminées présentes dans le couvert, compliquées à détruire l’hiver. « Une solution viserait à implanter le couvert au début de juillet et à le détruire à la fin de septembre. Par temps sec, le travail superficiel du sol est plus efficace que par temps humide. Mais cela demande de faire évoluer la réglementation… », note Jérôme Labreuche. Et de conclure : « On ne gérera pas de la même manière un couvert propre et un couvert sale. Il faut se faire violence, changer nos habitudes et adapter notre raisonnement à chaque situation. »