« Notre pays ne stocke que 2 % de son eau de pluie quand l’Espagne en stocke 25 %, a rappelé la présidente de la FNSEA interrogée sur CNews ce 8 août 2019 au sujet du rapport du Giec sur réchauffement climatique. La Hongrie, le Danemark, les Pays-Bas viennent de mettre en place des grands plans pour stocker davantage d’eau l’hiver quand elle tombe en abondance. »

La France en retard

Christiane Lambert rappelle que les prévisions des experts du Giec qui promettent « davantage de pluie qui tombera en abondance à certains moments, et puis […] des périodes de sécheresse. Donc il faut gérer l’eau en bon père de famille. La stocker quand elle tombe avec des orages incroyables et des inondations non maîtrisables, et pouvoir l’utiliser quand il y a pénurie. »

Alors comment faire pour que la France rattrape son retard en termes de stockage et d’utilisation de l’eau ? « Il faut pour cela qu’on arrête de critiquer à tous crins l’irrigation, estime Christiane Lambert. Partout dans les pays où il fait plus sec que chez nous, les pays notamment plus au sud comme Israël, l’Espagne, le Portugal, l’Italie, il y a une meilleure gestion de l’eau. »

« Accélérer les choses »

« En France, beaucoup en parlent, poursuit-elle. Nous, nous voulons accélérer les choses. Et je souhaite qu’à la rentrée, tous les préfets, puissent repérer tous les projets d’irrigation que nous voulons amener au bout. Il y a eu trop de blocages. Le ministre de l’Agriculture, en lien avec le ministère de l’écologie, a débloqué un texte qui datait de 2015, mais la France a pris du retard. »

Et face au réchauffement climatique, pensez-vous qu’il faille changer notre modèle agricole aujourd’hui ? lui demande encore le journaliste de CNews. « Tout ça, ce sont des mots monsieur. C’est quoi la “ production intensive ” quand aujourd’hui, ce sont les prairies naturelles partout, les estives qui sont les plus sèches ? Connaissez-vous des plantes qui poussent par 42 °C et sans eau ? »

« Moins de 6 % des terres françaises irriguées »

« Moi, je n’en connais pas. Donc ça, ce sont des discours de salon, absolument pas des discours de terrain. Aujourd’hui, l’agriculture a déjà amélioré l’efficience de l’eau de 30 % lorsque les agriculteurs irriguent. Il y a moins de 6 % des terres françaises qui sont irriguées. Chasser ce mot d’intensification. Aujourd’hui, ceux qui souffrent le plus, ce sont ceux qui ont de l’herbe. »

Alors, en demande-t-on trop aux agriculteurs notamment pour la transition agroécologique ? « Je fais le constat de l’exaspération des agriculteurs qui chaque fois qu’ils allument leur radio ou leur télé, entendent plein de gens qui ne connaissent pas forcément notre métier, mais qui ont un avis pour nous dire ce qu’il faut faire », répond Christiane Lambert au journaliste de CNews.

« Parfois, on a envie de leur donner les clés du camion. Une année comme cette année où il y a à la fois la sécheresse, la canicule, les restrictions d’eau, personne ne pouvait penser un tel degré de gravité. Donc oui, nous en avons assez d’entendre tout et n’importe quoi sur notre métier. Nous espérons que cette sécheresse va ouvrir les yeux à pas mal de gens qui étaient contre tout, contre l’irrigation notamment. »

E.R.