« La journée pourrait être décisive mais ça dépend beaucoup des offres du côté du Mercosur. Des choses importantes restent à discuter », a souligné cette source, estimant que « tout est toujours incertain », sur fond d’inquiétudes des agriculteurs européens.
L’UE et le Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay) sont entrés dans la dernière ligne droite des discussions, entamées il y a 20 ans, avec l’espoir de donner naissance à l’un des plus vastes accords de libre-échange jamais conclu, dans un contexte mondial déstabilisé par la politique commerciale offensive du président américain Donald Trump.
Les ministres sud-américains ont dîné mercredi soir à Bruxelles avec le vice-président de la Commission européenne, Jyrki Katainen, et les commissaires au Commerce, Cecilia Malmström, et à l’Agriculture, Phil Hogan, une rencontre jugée « constructive » par l’exécutif européen.
Leurs échanges se poursuivent depuis jeudi matin et l’annonce d’« un accord politique » dans les prochains jours « est possible », selon la source proche des discussions. Mais « il peut aussi ne pas y avoir d’accord du tout », a-t-elle souligné.
Les discussions pourraient aussi se poursuivre au niveau des chefs d’État lors du G20 vendredi et samedi à Osaka, au Japon.
Ouverture du secteur automobile
De sources concordantes, les Européens attendent des avancées du côté du Mercosur en matière d’indications géographiques protégées et surtout sur l’ouverture de leur secteur automobile.
À l’inverse, les Sud-Américains espèrent un plus grand accès au marché européen pour leur production agricole, en particulier leur bœuf, ce qui inquiète les agriculteurs de l’UE.
« Je doute que l’offre européenne sur le bœuf suffise à ouvrir le marché sud-américain de l’automobile, qui est au cœur de l’accord. Le contexte politique est assez tendu en Europe », souligne un diplomate européen.
« Si un accord est conclu, ce sera pour des considérations géopolitiques et pour envoyer un signal sur les mérites du libre-échange », ajoute-t-il.
L’accord UE-Mercosur suscite un malaise grandissant dans certains États membres, sous la pression des agriculteurs et des ONG. La semaine passée, les dirigeants français, irlandais, polonais et belge ont exprimé à la Commission leur « profonde préoccupation » sur les conséquences de cet accord sur leur agriculture.
Quelques jours plus tard, un autre groupe de pays – Allemagne, Pays-Bas, Espagne, République tchèque, Portugal, Lettonie et Suède – ont exhorté Bruxelles à conclure cet « accord historique ».
L’accord est aussi critiqué par 340 ONG européennes et sud-américaines « en raison de la détérioration des droits humains et de la situation écologique au Brésil » depuis l’investiture en janvier du président d’extrême droite Jair Bolsonaro.
La chancelière allemande Angela Merkel a indiqué mercredi vouloir s’entretenir avec lui de la déforestation au Brésil, sans remettre en cause la conclusion de l’accord.