Cette lettre, également signée par la République tchèque, le Portugal, la Lettonie et la Suède, et dont l’AFP a obtenu une copie, a été envoyée le 20 juin 2019 au président de l’exécutif européen Jean-Claude Juncker. L’ardeur de ces pays à conclure l’accord s’oppose à la « profonde préoccupation » exprimée lundi dans un autre courrier à la Commission par les dirigeants irlandais, français, polonais et belge, qui s’inquiètent eux des répercussions sur leur agriculture.

Faire des concessions

« Les deux parties doivent être prêtes et disposées à faire quelques concessions finales pour parvenir à cet accord historique », estiment les sept capitales. Pour celles-ci, le Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay) a « fait des progrès significatifs […] et semble déterminé à libéraliser davantage plusieurs secteurs d’une grande importance ». Parmi ceux-ci, ils citent « les voitures et leurs pièces détachées, les machines, ainsi que les produits chimiques ou pharmaceutiques ».

 

« L’Union européenne ne peut se permettre de céder à des arguments populistes et protectionnistes en matière de politique commerciale », écrivent-ils également. L’accord commercial entre l’Union européenne et le Mercosur, dont la conclusion est annoncée comme « imminente », suscite un malaise grandissant dans certains États membres de l’Union européenne sous la pression des agriculteurs, inquiets pour leur production de viande, et des ONG, préoccupées par le climat.

 

Les discussions entre l’Union européenne et le Mercosur pourraient aboutir à l’un des plus vastes accords de libre-échange jamais conclu, avec plus de 770 millions de consommateurs et 18 000 milliards d’euros de PIB.

Des ONG demandent de leur côté un arrêt des discussions

Les ministres sud-américains pourraient rencontrer le commissaire européen à l’Agriculture, Phil Hogan, et celle au Commerce, Cecilia Malmström, dès le 27 juin à Bruxelles avec l’objectif de parvenir à un accord politique.

 

« Comment pouvons-nous envisager d’affaiblir à nouveau nos communautés agricoles européennes ? », s’est alarmé cette semaine le Copa-Cogeca, principal syndicat agricole dans l’UE, dans une lettre ouverte à Bruxelles.

 

Mardi, 340 ONG européennes et sud-américaines, dont Greenpeace ou Friends of the Earth, ont demandé à l’Union européenne d’« interrompre immédiatement » les discussions « en raison de la détérioration des droits humains et de la situation écologique au Brésil » depuis l’investiture en janvier du président brésilien d’extrême droite Jair Bolsonaro.

 

L’Union européenne et le Mercosur ont échangé en 2018 pour près de 88 milliards d’euros de marchandises. Les pays de l’Amérique du Sud ont essentiellement exporté leurs produits agricoles et les Européens, des produits industriels et pharmaceutiques.